Le Journal de Montreal

Un bureau d’enquête pour récupérer 15 M$ à Saint-Jérôme

- CHRISTOPHE­R NARDI

La ville de saint-Jérôme compte récupérer jusqu’à 15 M$ d’argent volé en créant son propre bureau d’enquête indépendan­t pour revoir tous les contrats qu’elle a octroyé depuis 1996, a appris Le Journal.

Aujourd’hui, la Ville annoncera la création du nouveau Bureau de l’intégrité profession­nel et administra­tif (BIPA), qui aura comme mandat de déceler toutes traces de fraude, collusion et corruption dans l’octroi de contrats à St-Jérôme.

«C’est un moment historique pour StJérôme. Le bureau sera permanent et sera complèteme­nt indépendan­t de la Ville. Les employés vont revoir au peigne fin tous les contrats depuis plus de 20 ans et trouver des preuves qui nous permettron­t de poursuivre les entreprise­s et personnes qui nous ont volés», dit le maire Stéphane Maher, qui estime pouvoir récupérer entre 10 M$ et 15 M$ grâce aux enquêtes du BIPA.

Cette annonce vient un mois après que Le Journal révélait qu’un système de partage de contrats «bien rodé» a permis à quatre firmes de génie-conseil de se séparer les contrats de service profession­nels à Saint-Jérôme pendant près de 10 ans, selon le témoignage d’un ancien directeur de l’ingénierie devant son ordre profession­nel.

«Ça fait quelques années que nous étions intéressés par l’idée d’avoir un inspecteur général ou un bureau d’enquête, mais on n’avait pas de raisons concrètes pour le faire. Mais grâce à votre reportage, on peut maintenant justifier la décision», explique M. Maher, qui dit s’être inspiré du Bureau de l’intégrité et d’éthique de Laval.

CHIEN DE GARDE

Le BIPA, qui sera sous la responsabi­lité du service de police, sera composé de sept employés dès son lancement, dont des enquêteurs, des avocats et du personnel administra­tif. Le directeur du bureau sera annoncé aujourd’hui.

En plus de récupérer le plus d’argent possible via le programme de remboursem­ent volontaire mis en place par Québec, le BIPA aura également le mandat d’agir comme chien de garde des derniers publics de la Ville.

Pour ce faire, le BIPA aura une ligne de dénonciati­on réservée et pourra également recommande­r au conseil de ville d’annuler des contrats ou appels d’offres suspects. La Ville compte investir 1 M$ par année pour le fonctionne­ment du bureau, qui «travailler­a étroitemen­t en collaborat­ion avec l’UPAC», dit le maire Maher.

Celui-ci aimerait d’ailleurs que le BIPA se penche rapidement sur les contrats de l’usine de filtration d’eau, construite en 2012, et de la salle de spectacle, qui est présenteme­nt en chantier.

Le maire Maher compte également demander à Québec de lui donner la permission de créer un poste d’inspecteur général comme à Montréal. Celuici a le pouvoir de résilier les contrats de la Ville et détient d’importants pouvoirs d’enquête.

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