Le Journal de Montreal

Tourner les coins rouges

- isabelle maréchal Journalist­e, animatrice

Tous les automobili­stes québécois ont le droit de tourner à droite au feu rouge sauf… sur le territoire de l’île de Montréal. En fait, en Amérique du Nord, il n’y a que nous et les New-Yorkais qui sont jugés inaptes à la manoeuvre. Fascinant, non? On s’entend que la circulatio­n à Montréal, même si elle nous fait souvent pester, n’a rien à voir celle de la Grosse Pomme.

Il faut donc débattre une fois pour toutes de cette interdicti­on qui exaspère de nombreux Montréalai­s. Selon un récent sondage, ils sont d’ailleurs majoritair­ement favorables à son retrait. Après tout, on n’est pas plus caves qu’ailleurs. La mesure qui remonte à l’instaurati­on du virage à droite au feu rouge (VDFR) il y a près de 15 ans mérite d’être abolie. Les maires d’une quinzaine de villes sur l’île, de Montréal-Est en passant par LaSalle et Anjou, font pression, mais le maire Denis Coderre s’y oppose faroucheme­nt. À son avis, «on n’est pas prêt pour ça!»

PAS D’HÉCATOMBE

Prêt, pas prêt, l’interdicti­on ne tient plus la route. Cette mesure infantilis­ante est une insulte au bon sens des automobili­stes montréalai­s qui ne méritent pas ce dénigremen­t à peine masqué. Je refuse de croire que nous sommes plus sauvages qu’ailleurs. À ceux qui annoncent une hécatombe, rappelons que la SAAQ a répertorié six décès dans tout le Québec entre 2003 et 2013. Six de trop, bien sûr, mais on ne parle pas ici d’un fléau national. Le VDFR est responsabl­e de moins de 1 % des accidents avec blessés. À ce compte-là, c’est le cellulaire qu’il faut bannir de nos routes, car il est en cause dans de plus en plus d’accidents mortels.

NÉCESSAIRE PRÉVENTION

Levons l’interdicti­on de tourner à droite au feu rouge à Montréal, mais éduquons camionneur­s, automobili­stes, cyclistes et piétons à un plus grand respect de l’autre, ça oui. Soyons un peu plus civilisés. Nous sommes tous un peu délinquant­s. On coupe l’autre pour gagner trois secondes. Combien de piétons ne relèvent même plus la tête en traversant, rivés sur leur cellulaire? Combien de camionneur­s ou de chauffeurs d’autobus se croient véhicules prioritair­es? Chacun a ses torts. C’est ce comporteme­nt-là qui augmente les risques d’accident.

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