Tourner les coins rouges
Tous les automobilistes québécois ont le droit de tourner à droite au feu rouge sauf… sur le territoire de l’île de Montréal. En fait, en Amérique du Nord, il n’y a que nous et les New-Yorkais qui sont jugés inaptes à la manoeuvre. Fascinant, non? On s’entend que la circulation à Montréal, même si elle nous fait souvent pester, n’a rien à voir celle de la Grosse Pomme.
Il faut donc débattre une fois pour toutes de cette interdiction qui exaspère de nombreux Montréalais. Selon un récent sondage, ils sont d’ailleurs majoritairement favorables à son retrait. Après tout, on n’est pas plus caves qu’ailleurs. La mesure qui remonte à l’instauration du virage à droite au feu rouge (VDFR) il y a près de 15 ans mérite d’être abolie. Les maires d’une quinzaine de villes sur l’île, de Montréal-Est en passant par LaSalle et Anjou, font pression, mais le maire Denis Coderre s’y oppose farouchement. À son avis, «on n’est pas prêt pour ça!»
PAS D’HÉCATOMBE
Prêt, pas prêt, l’interdiction ne tient plus la route. Cette mesure infantilisante est une insulte au bon sens des automobilistes montréalais qui ne méritent pas ce dénigrement à peine masqué. Je refuse de croire que nous sommes plus sauvages qu’ailleurs. À ceux qui annoncent une hécatombe, rappelons que la SAAQ a répertorié six décès dans tout le Québec entre 2003 et 2013. Six de trop, bien sûr, mais on ne parle pas ici d’un fléau national. Le VDFR est responsable de moins de 1 % des accidents avec blessés. À ce compte-là, c’est le cellulaire qu’il faut bannir de nos routes, car il est en cause dans de plus en plus d’accidents mortels.
NÉCESSAIRE PRÉVENTION
Levons l’interdiction de tourner à droite au feu rouge à Montréal, mais éduquons camionneurs, automobilistes, cyclistes et piétons à un plus grand respect de l’autre, ça oui. Soyons un peu plus civilisés. Nous sommes tous un peu délinquants. On coupe l’autre pour gagner trois secondes. Combien de piétons ne relèvent même plus la tête en traversant, rivés sur leur cellulaire? Combien de camionneurs ou de chauffeurs d’autobus se croient véhicules prioritaires? Chacun a ses torts. C’est ce comportement-là qui augmente les risques d’accident.