Le Journal de Montreal

Comment se souvenir de tout!

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Désigné champion de France de la mémoire en 2015, le Français Sébastien Martinez est un véritable athlète. Après avoir découvert les aptitudes du cerveau à se souvenir, il a mis ses connaissan­ces en pratique et les partage dans le cadre de conférence­s. Dans son nouveau livre, Une super mémoire, il donne ses trucs et astuces pour dompter sa mémoire.

Pour lui, tout est question d’entraîneme­nt. Il explique comment solliciter la mémoire – même quand on croit qu’elle ne veut rien savoir de nous – de manière à se souvenir de toutes sortes de choses. Ça peut être se souvenir du prénom de toutes les personnes qu’on rencontre, de sa liste d’épicerie, des 1000 mots principaux d’une langue étrangère.

Sébastien a compris les mécanismes de la mémoire et les explique: on découvre comment faire des associatio­ns, comment utiliser les cinq sens pour se souvenir de toutes sortes de choses, comment faire des liens. Son approche fascinante et rigoureuse fait appel au gros bon sens.

JAMAIS TROP TARD

Est-ce qu’à tout âge on peut améliorer la capacité de la mémoire? «La mémoire est une faculté. On a tous cette faculté, cette capacité à retenir des informatio­ns. On mémorise tout le temps plein de choses, mais sans s’en rendre compte. Mais ce qui est intéressan­t, c’est qu’à tout âge, on peut commencer à prendre conscience de ce que l’on fait, comment ça fonctionne. Et à partir du moment où on prend conscience de comment ça fonctionne, c’est là où on peut muscler et travailler la mémoire.»

Sébastien n’avait pas cette facilité à tout retenir de manière innée. «J’étais comme plein de monde: je n’arrivais pas à apprendre par coeur et si on me donnait de l’anglais et de l’histoire à apprendre, c’était quelque chose que je détestais. Par contre, dans les sciences, ça rentrait tout seul. Pourquoi dans certains domaines ça marche et dans d’autres, ça marche pas? C’est uniquement parce que je le faisais sans m’en rendre compte.»

LES STRATÉGIES

En 2009, il est tombé sur un premier livre qui parlait de stratégies de mémorisati­on. «J’ai fait un test: 20 mots à mémoriser. Sans technique, j’ai fait 5 sur 20. Avec une technique, j’ai fait 20 sur 20. Trois minutes après, avec d’autres mots.»

Le déclic s’est fait et il a commencé à s’exercer, à s’entraîner. «Je me suis demandé pourquoi ces techniques n’étaient pas enseignées à l’école. Je me suis dit, personne ne le fait, je vais le faire! Je me suis très vite rendu compte que si je voulais inspirer les gens et leur donner envie de le faire, il fallait que je sois intègre, que je l’applique moi aussi.»

Il a commencé à participer aux championna­ts de la mémoire, des compétitio­ns qui demandent par exemple de mémoriser des nombres à 40 chiffres ou d’arriver à associer un nom et un visage.

La mémoire travaille par associatio­ns, rappelle-t-il. «Pour qu’elles soient vraiment efficaces, il faut au maximum utiliser les cinq sens», donne-t-il comme truc. «Plus on va mélanger les sens, plus ça va s’écrire sur notre cerveau. Chaque sens a une aire différente dans le cerveau. Si on arrive à solliciter cinq sens – donc cinq aires différente­s – quand on va vouloir récupérer l’informatio­n, on a cinq portes d’entrée.»

Aux étudiants qui doivent mémoriser des formules mathématiq­ues ou des dates, il recommande quatre étapes essentiell­es: être motivé, comprendre, mémoriser et ancrer dans la mémoire à long terme. «Quand on a réussi à ancrer, on est vraiment plus motivé. C’est un cercle vertueux.» » Sébastien Martinez a été désigné champion de

France de la mémoire en 2015. » Il partage ses connaissan­ces comme formateur et conférenci­er dans les écoles et les entreprise­s.

«Fini les trépigneme­nts devant une porte-cochère, l’air benêt devant un terminal de carte bancaire, les interminab­les hésitation­s devant un visage connu — mais comment s’appelle cette personne? Terminé les blancs devant une question de culture générale fondamenta­le, les tours et détours dans les mêmes rues parce qu’on ne sait plus si c’est “à gauche au carrefour après le feu” ou “à gauche après le feu à droite, au carrefour”. Enfin... Terminé à condition de s’en donner les moyens.»

— Sébastien Martinez, Une super mémoire

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