Une augmentation « considérable »
La forte augmentation des dépenses pour sonder l’opinion publique inquiète des experts quant à la protection de la vie privée et, surtout, sur la propension des libéraux «à gouverner par sondages».
«Il s’agit d’une augmentation de dépenses considérable. Cela témoigne d’un changement important au Conseil privé sur le plan stratégique», souligne Éric Montigny, de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval.
«Les conservateurs étaient déjà réputés pour faire beaucoup de recherches afin de bien comprendre les électeurs. Honnêtement, cela m’étonne que le budget ait tant augmenté sous les libéraux. Est-ce à dire que les libéraux font faire et payer des sondages par le ministère du premier ministre alors qu’ils devraient être faits et payés par le parti?» s’interroge-t-il.
GOUVERNER PAR SONDAGES
Si l’idée de consulter régulièrement la population est louable, elle comporte tout de même son lot de risques, souligne aussi Michel SarraBournet, chargé de cours en sciences politiques à l’Université de Montréal.
«Cela indique une propension à gouverner par sondages plutôt que par conviction. (...) Les sondages ont toutefois ceci de pratique: ils permettent d'étudier les segments de l'électorat derrière les différentes nuances d'opinions, une information stratégique au moment de déterminer les clientèles électorales auxquelles on s'adressera lors des élections générales», dit-il.
Du côté de la Fédération canadienne des contribuables, on s’inquiète plutôt de la hausse importante des coûts.
«C’est normal de sonder la population. Tous les gouvernements le font. Mais ce n’est pas normal que les coûts explosent à ce pointlà. C’est excessif tant sur le plan financier que moral. Les libéraux marchent près de la ligne», illustre le porteparole Carl Vallée, un ancien responsable des communications de l’ex-premier ministre Stephen Harper.