Des dons qui font sourciller pour le ministre Champagne
Un proche des Hells aurait contribué à sa campagne électorale en 2015
OTTAWA | L’association libérale du comté du ministre fédéral François-Philippe Champagne a reçu un don en pleine campagne électorale de la part d'un proche des Hells Angels et de son frère, qui a eu des démêlés judiciaires. Une situation légale, mais qui fait sourciller et à laquelle le ministre devrait répondre publiquement, croient des experts.
Selon les informations publiques d’Élections Canada, François-Philippe Champagne a reçu un don de 500 $ de la part d’Elliot Perry le 15 septembre 2015.
Or, M. Perry et 30 autres individus liés aux Hells avaient été accusés en 2009 de complot, de trafic de drogue et de gangstérisme avant l’arrêt des procédures dans l’opération SharQc en 2011.
De plus, Le Journal révélait lundi qu’un de ses complices allégués était Guillaume Champagne, le frère du ministre du Commerce international. Celui-ci était accusé d’avoir exploité avec M. Perry un laboratoire de drogue lié au crime organisé, mais avait réussi à «négocier» son acquittement à peine six mois avant que son frère se lance en politique.
«À titre de citoyen, on peut être dérangé et vouloir questionner le ministre par rapport à ces informations. Mais on ne peut pas aller aussi loin que de remettre en question l’intégrité du ministre à cause de ces dons. Tous les citoyens ont le droit de faire des dons politiques, même ceux liés aux Hells», explique Luc Bégin, professeur et membre de l’Institut d’éthique appliquée à l’Université Laval.
DON APRÈS L’ACQUITTEMENT
Pour sa part, Guillaume Champagne a donné près de 3500 $ à l’association libérale de la circonscription Saint-MauriceChamplain, où s’est présenté son frère aux élections de 2015.
Fait intéressant: l’homme d’affaires a fait son premier don de 500 $ à cette association à peine huit jours après qu’il eut réussi à faire tomber les accusations contre lui en 2013.
Si son frère n’était pas encore lancé en politique, à ce momentlà, Guillaume Champagne savait que «son frère étudiait sérieusement la possibilité de se présenter comme député», selon des documents de cour.
«La proximité des dates entre l’acquittement de Guillaume Champagne et le don qu’il a fait à l’association avec laquelle son frère se présenterait vient certainement brouiller les cartes encore plus dans la tête des électeurs. Mais encore là, le ministre n’est pas responsable des agissements de son frère», analyse JeanMarc Piotte, éthicien et professeur émérite de sciences politiques à l’UQAM.
«Ce n’est pas du tout anormal qu’un membre de la famille donne à un candidat politique, peu importe son passé», ajoute pour sa part M. Bégin.
Le cabinet du ministre n’a pas voulu commenter ces informations. Pour sa part, le Parti libéral a indiqué n’avoir aucune preuve que ces dons ne respectaient pas la réglementation fédérale.
– Avec la collaboration d’Éric Thibault