Une présence qui rend Couillard mal à l’aise
Une entreprise sujette à caution oeuvre au parlement
QUÉBEC | La présence d’une entreprise qui a déjà été associée aux Hells Angels sur le chantier de l’Assemblée nationale indispose Philippe Couillard, qui n’a pas pour autant l’intention de passer toutes les firmes qui font affaire avec l’État au peigne fin.
«Personne n’est à l’aise avec la situation», a convenu hier le premier ministre.
Coffrages Synergy a obtenu un contrat de 2,7 millions$ pour la modernisation du parlement, qui vise à améliorer la sécurité des députés.
Cette compagnie, dont le fondateur a déjà fait les manchettes pour ses liens avec des membres du crime organisé, tente en vain depuis deux ans de décrocher sa certification de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a révélé Le Journal.
Le gouvernement libéral estime néanmoins qu’il n’est pas souhaitable d’obliger systématiquement toutes les entreprises qui soumissionnent pour des contrats publics à montrer patte blanche, comme le réclament les partis d’opposition.
Le seuil des contrats publics visés par les mesures de probité est passé progressivement de 40 à 5 millions $. Le plafond devait diminuer jusqu’à 100000$, mais le président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, en a décidé autrement.
«Ce n’est pas la solution. La façon de faire, ce n’est pas d’abaisser les seuils, puisque ce que vous feriez, c’est que vous créeriez un engorgement et à l’UPAC et à l’AMF, a plaidé hier M. Moreau, talonné par le Parti québécois. Des contrats de 5millions$ et plus, il y en a 128, et des contrats de 5millions$ et moins, il y en a un peu moins de 8100!»
VÉRIFICATIONS PONCTUELLES
Selon lui, il faut plutôt miser sur des vérifications ponctuelles et ciblées, comme le recommandait la commission Charbonneau et comme son gouvernement le propose dans le projet de loi 108 qui crée l’Autorité des marchés publics (AMP).
«Quelle que soit la valeur du contrat, l’AMP pourra intervenir si elle estime qu’il y a lieu d’intervenir, en raison de la composition de l’actionnariat, du conseil d’administration ou des risques liés à un contrat donné», a précisé Pierre Moreau.