La recherche désespérée des disparues de Ciudad Juarez
CIUDAD JUAREZ | Si Ciudad Juarez, au nord du Mexique, a cessé d’être l’épicentre des féminicides, des fosses clandestines ont continué d’émerger au cours des dernières années dans cette région désertique où des familles cherchent les disparues dans l’indifférence des autorités.
En fin de semaine, environ 80 proches et amis ont ainsi emprunté durant plusieurs heures des chemins poussiéreux pour arriver à Arroyo del Navajo, dans la Valle de Juarez, à environ 50 km de la frontière avec les États-Unis.
Dans ce lieu isolé de l’État de Chihuahua, les restes humains de 11 femmes ont été découverts entre 2007 et 2013, à 100 km de Ciudad Juarez, où à partir de la décennie 1990 plus de 1500 femmes de tous âges ont été assassinées lors de meurtres à caractère sexuel.
En 2010, Ciudad Juarez a atteint un pic de disparitions de femmes, avec 306 cas, qui ont donné lieu à de nombreuses manifestations pour que l’on retrouve les «mortes de Juarez».
Avec les années, les féminicides ont diminué dans cette ville frontalière, passant à 54 femmes en 2016, et 19 depuis le début d’année, selon les autorités judiciaires.
L’attention s’est reportée sur l’État de Mexico, où 406 assassinats de femmes ont été signalés en 2015, selon des chiffres officiels.
MÉFIANCE
Arpentant la terre désertique de la Valle de Juarez avec des pics, pioches et râteaux, les familles et activistes lèvent la main ou poussent un cri pour alerter de la découverte de restes humains ou de vêtements. Alors, les mères accourent pour voir si l’objet retrouvé appartient à leur fille disparue.
Le groupe de recherche est accompagné par quelques fonctionnaires de la justice de l’État de Chihuahua, équipés de matériel scientifique. Quand un objet est découvert, les agents l’emportent aussitôt pour l’examiner plus tard.
Entre les familles et les autorités, c’est la méfiance qui prédomine.
Beaucoup de parents des disparues de Juarez ont reçu des autorités un fragment d’os humain sans identification génétique, comme «preuve» de la mort de leur fille.
CINQ ARRESTATIONS
Selon David Peña, avocat d’une ONG qui défend les familles des disparues, non seulement les autorités n’ont pas fait leur travail, mais elles ont même dans certains cas bloqué les recherches des familles.
Jusqu’à présent, cinq personnes ont été arrêtées en relation avec la disparition de 11 femmes dont les restes ont été retrouvés sur ce terrain. Ils ont été condamnés au total à 697 années de prison.