« JE M’EXCUSE »
Tempête politique à Québec
QUÉBEC | En offrant ses excuses au nom du gouvernement pour la gestion chaotique de la tempête sur l’autoroute 13, Philippe Couillard pose un geste très rare, généralement réservé pour des moments historiques.
«Je vois clairement à l’évidence un cafouillage majeur. […] Je veux au nom du gouvernement présenter mes excuses aux gens qui ont été insécurisés et aux familles des victimes. La réponse à cette situation exceptionnelle n’a pas été proportionnelle», a lancé Philippe Couillard, hier, lors d’un point de presse en compagnie des ministres Martin Coiteux et Laurent Lessard.
M. Couillard avait offert ses excuses une seule fois auparavant aux proches des victimes de l’effondrement du viaduc de la Concorde, en juin 2016, à quelques jours du 10e anniversaire du drame.
Dans le passé, en 1999, Lucien Bouchard avait présenté ses excuses aux orphelins de Duplessis au nom du gouvernement du Québec.
Mais cette fois, le premier ministre s’excuse pour la mauvaise gestion de son gouvernement.
« LA CRISE S’INTENSIFIAIT »
«C’est très rare et ça renvoie à une forme de reconnaissance que les ministres n’ont pas réussi à gérer adéquatement la situation. Laurent Lessard a paru irrité par les questions des journalistes et Martin Coiteux parlait avec un vocabulaire aseptisé. Le premier ministre s’est senti obligé d’intervenir, car la crise s’intensifiait», analyse Olivier Turbide, professeur au Département de communication sociale et publique de l’UQAM.
Mike Medeiros, chercheur postdoctoral au Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique à l’Université McGill, souligne que les excuses au nom du gouvernement se font généralement pour des épisodes «historiques», comme la question des pensionnats autochtones au fédéral.
«C’est un gouvernement qui se fait continuellement accoler l’étiquette d’être déconnecté, alors ce geste l’aide. Et là, on a vu deux mondes: le premier ministre empathique qui offre ses excuses, et deux ministres déconnectés», a-t-il noté.
COINCÉS TOUTE LA NUIT
Le «cafouillage majeur» de l’autoroute 13, qui a laissé des centaines d’automobilistes coincés toute la nuit, a causé une tempête politique à Québec. La majeure partie de la période de questions a porté sur ce sujet et les partis d’opposition ont demandé la tête du ministre des Transports, Laurent Lessard.
Ils devront se contenter d’une sous-ministre adjointe qui a perdu du galon. Anne-Marie Leclerc ne supervisera plus le centre de coordination de la sécurité civile, mais conserve ses autres fonctions et son salaire de 180 000 $.
Le gouvernement a aussi annoncé le déclenchement d’une enquête externe, dont les résultats seront rendus publics. Elle sera dirigée par l’ancien sous-ministre Florent Gagné.