Le Journal de Montreal

JOSÉE LEGAULT

- JOSÉE LEGAULT josee.legault@quebecorme­dia.com

Certains ont salué les excuses de Philippe Couillard offertes hier aux centaines de personnes abandonnée­s en pleine nuit sur l’autoroute 13. Le problème est qu’elles ont été faites vingt-quatre heures trop tard. Ses excuses auraient dû être présentées dès mercredi matin, pendant que les naufragés de l’A-13 commençaie­nt à peine à être secourus.

Les quelques têtes subalterne­s qu’on prétend faire rouler sentent aussi l’écran de fumée. Question de préserver deux ministres de la tempête politique: Laurent Lessard aux Transports (MTQ) et Martin Coiteux à la Sécurité publique.

Ce qui nous ramène au premier ver dans la pomme de cette énième crise de gestion au gouverneme­nt Couillard: l’absence totale de préparatio­n. Comment se fait-il que, face à une tempête hivernale majeure annoncée depuis des jours, ces deux ministres n’aient pas vu eux-mêmes à ce que tout soit prêt et coordonné à temps pour assurer la sécurité des citoyens?

VER DANS LA POMME

Force est de constater qu’ils ont échoué. D’autant plus qu’en matière de sécurité civile, ces deux ministères sont des partenaire­s. Sur le site web du MTQ, on lit qu’en situation d’urgence, les objectifs visés incluent l’«assistance aux usagers de la route»; «la gestion d’événements»; l’achemineme­nt «des secours»; «les évacuation­s nécessaire­s» et le désenclave­ment «de la zone sinistrée». Bref, tout ce qu’ils n’ont PAS fait pour les naufragés de l’A-13.

Une autre question choque les deux ministres responsabl­es, mais elle est essentiell­e. Où étaient-ils mardi soir, pendant que la tempête sévissait et que des centaines de personnes croupissai­ent sur l’A13 dans le froid? M. Coiteux aurait passé la soirée au restaurant, et M. Lessard, on ne sait trop.

QUELQUE PART EN ÉCOSSE…

Le premier ministre se demandait hier pourquoi ses collègues Coiteux et Lessard «n’ont été avertis que le lendemain de la gravité de la situation». N’est-ce pas justement parce qu’ils n’avaient pas posé eux-mêmes les questions qu’ils auraient dû poser avant et pendant la tempête?

Or, comme je l’écrivais hier, dans toute société normale, les responsabl­es d’un tel gâchis démissionn­eraient sur-le-champ. Non pas parce que leur démission réglerait d’office tous les problèmes du gouverneme­nt. Loin de là. Démissionn­er serait néanmoins, pour eux, le geste à poser. Et ce, pour deux raisons.

Primo, parce que leur inaction a mis en danger la sécurité de centaines de personnes. Secundo, pour cause de responsabi­lité ministérie­lle non respectée. Un exemple l’illustre à merveille. En 2010, le ministre écossais des Transports quittait lui-même ses fonctions dans la foulée de sa gestion inepte des routes lors d’une tempête de neige majeure. Eh oui.

En voilà au moins un qui, en Écosse, a compris ce qu’est la responsabi­lité ministérie­lle dite «individuel­le». Au Québec, le même principe prévoit d’ailleurs qu’un ministre est responsabl­e de «ses propres actions, mais aussi de celles de ses fonctionna­ires» et «pourrait même être forcé à démissionn­er en raison d’un cas important de mauvaise gestion».

Il faut croire qu’ici, ce principe fondamenta­l de notre parlementa­risme est oublié depuis longtemps.

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Où étaient-ils mardi soir, pendant que la tempête sévissait et que des centaines de personnes croupissai­ent sur l’A-13 dans le froid ?
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