Le Journal de Montreal

7 ans pour un malentenda­nt qui a jeté son ex d’un balcon

- MICHAËL NGUYEN

Un malentenda­nt coupable d’avoir jeté son ex-conjointe d’un balcon au 3e étage n’a pas réussi à obtenir une réduction de peine à cause de son handicap et passera sept ans au pénitencie­r.

«Il n’y a pas lieu, comme le souhaitera­it la défense, d’alléger la peine de deux ou trois ans», a tranché le juge Yvan Poulin, juste avant de condamner Richard Trottier hier au palais de justice de Montréal.

Le crime de Trottier, 49 ans, remonte à 2010. À l’époque, lors d’une dispute avec son ex-conjointe malentenda­nte, il avait menacé de la battre et de la tuer.

PAS UN SUICIDE

Puis, quand la femme était allée fumer une cigarette sur le balcon situé au troisième étage de son domicile, il l’avait jetée dans le vide.

«Cette chute, qui aurait pu lui être fatale, lui a causé de très graves blessures», a noté le juge ce jeudi tout en rappelant que la victime était tombée dans le coma et qu’elle conserve encore des séquelles de ce triste événement.

Lors du procès, Trottier avait essayé de se dédouaner en affirmant que la femme avait tenté de se suicider, mais le magistrat ne l’avait absolument pas cru.

Non seulement la femme n’était pas suicidaire, mais elle avait senti l’accusé la pousser. Et quelques mois plus tard, Trottier avait présenté des excuses, devant témoins.

«Il s’agit d’un geste qui a été posé de manière impulsive et subite dans le contexte de tensions conjugales», a rappelé le magistrat.

Lors des audiences sur la peine, Me Sylvie Dulude de la Couronne avait réclamé 15 années d’incarcérat­ion pour Trottier en rappelant la vulnérabil­ité de la victime et les conséquenc­es dramatique­s du crime.

INCARCÉRAT­ION DIFFICILE

Depuis les événements, la vue de la femme s’est détériorée, mais le juge n’a toutefois pas pu considérer ce facteur, puisqu’une experte n’a pas été capable de dire si ce problème était une conséquenc­e directe de la chute.

Me Nicolas Welt de l’Aide juridique réclamait pour sa part une sentence de sept ou huit ans, moins quelques années à cause du handicap de l’accusé.

Il a également rappelé que la tentative de meurtre n’était absolument pas préméditée, et que l’accusé n’a jamais été envoyé en prison, même s’il a des antécédent­s en matière de violence conjugale sur cette même femme.

«Il est clair que sa surdité et son incapacité à parler ne facilitero­nt pas les choses lors de sa période d’incarcérat­ion», a noté le juge, qui, même s’il n’a pas plié à la demande, a toutefois considéré ce facteur comme étant atténuant.

Trottier, qui a pu suivre le jugement grâce à quatre interprète­s en langage des signes dans la salle d’audience, n’a pas paru surpris de sa condamnati­on.

Tout juste après, il a été menotté et escorté vers la détention, sous le regard de quelques proches présents dans la salle.

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Richard Trottier espérait que son handicap lui permettrai­t d’obtenir un allègement de peine.
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NICOLAS WELT Avocat

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