Des acteurs voleurs de jobs ?
J’adore le comédien américain Samuel L. Jackson. Mais récemment, il a fait une déclaration tellement controversée que je ne suis pas capable de le suivre. Monsieur Jackson n’est pas content que l’on ait engagé un acteur noir britannique (Daniel Kaluuya) pour jouer le rôle d’un personnage noir américain dans le thriller Get Out.
Jackson affirme que Kaluuya ne peut pas comprendre le racisme que vivent les Noirs aux États-Unis... parce qu’il vient d’Angleterre. Selon lui, le réalisateur aurait dû engager un Afro-Américain.
Euh, excusez-moi, Monsieur Jackson, mais est-ce que ce n’est pas un peu raciste, ce commentaire?
LA QUESTION QUI TUE
C’est quand même particulier qu’un acteur comme Samuel L. Jackson, qui a pavé la voie pour beaucoup d’AfroAméricains, se mette lui-même à faire de la discrimination. Est-ce que Samuel L. Jackson est en train de dire que les acteurs noirs britanniques «volent les jobs» des acteurs noirs américains?
Daniel Kaluuya a répondu à Jackson qu’il n’en revenait pas de devoir «prouver qu’il était assez noir».
Avouez que c’est quand même absurde: il n’y aurait que des Américains qui pourraient jouer des rôles d’Américains, car ils sont les seuls à connaître la réalité des Américains?
Alors Robert De Niro n’aurait jamais eu le droit de jouer un chauffeur de taxi new-yorkais dans Taxi Driver, car il ne connaît pas leur réalité. Charlton Heston n’aurait jamais pu jouer le rôle de Moïse dans Les dix commandements parce qu’il ne connaissait pas la réalité d’un personnage de la Bible... Et Harrison Ford n’aurait pas eu le droit de jouer Han Solo dans Star Wars parce qu’il ne sait pas ce que vivaient les gens, il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Quand Tom Hanks a joué le rôle d’un homosexuel qui se meurt du sida dans Philadelphia, fallait-il lui reprocher d’être hétéro?
Il me semble qu’après toute la controverse #oscarssowhite entourant les Oscars qui ne valorisaient pas assez les acteurs de couleur, Samuel L. Jackson devrait simplement applaudir quand un acteur noir, quelle que soit son origine, offre une performance de premier plan dans un film populaire.
S’ARRACHER LES CHEVEUX
En terminant, dans un tout autre ordre d’idées, avez-vous vu la une du magazine L’Actualité? Est-ce que ça parle des immigrants illégaux qui traversent notre frontière-passoire avec les États-Unis? Est-ce que ça parle des suites de l’attentat à la mosquée de Québec? Est-il question des contribuables québécois qui ont le plus petit revenu disponible au Canada, pire que les habitants de l’Île-du-Prince-Édouard? Non, Mesdames et Messieurs, l’heure est grave, et le seul news magazine québécois nous prépare un dossier-choc sur un fléau qui fait trembler dans les chaumières: la calvitie!
Oui, ce qui préoccupe les Québécois en ce moment, c’est la perte de cheveux.
Maintenant que le magazine appartient à Alexandre Taillefer, il devrait peut-être penser à changer le titre.
L’Actualité, vraiment? C’est à s’arracher les cheveux.