Le « Gros Bill » au petit écran
Décédé en 2014, Jean Béliveau fera l’objet d’une série télé de cinq épisodes à compter de mercredi soir à 22 h. Disposant d’un généreux budget et ayant reçu la bénédiction de la famille du Gros Bill, la série en question sera diffusée par la chaîne Historia.
À première vue, la série semble prometteuse. Une série réussie et acclamée tant par la critique que le public serait la bienvenue puisque le monde du sport, et plus particulièrement le monde du hockey, ne regorge pas de classiques. C’est le cas du côté de la télé et du côté du cinéma.
Ce qui risque de jouer en faveur de cette série, c’est qu’elle ne sera pas diffusée dans l’indifférence. Le Canadien constituant une véritable religion au Québec, on peut parier que le récit de la vie de Jean Béliveau, dont le rôle a été confié à Pierre-Yves Cardinal, rejoindra un large auditoire.
SOBRIÉTÉ VS VULGARITÉ
Au même moment où l’on s’apprête à diffuser une série portant sur Jean Béliveau et où l’on parle de l’absence de classiques traitant de hockey, on souligne ironiquement le 40e anniversaire de la sortie du mythique film Slap Shot.
Personne, en 1977, n’aurait pu prévoir que Slap Shot deviendrait un film culte. Vulgaire et caricatural, le film mettant en vedette Paul Newman, les désormais célèbres frères Hanson et une poignée d’acteurs québécois dont Yvan Ponton et Yvon Barrette est devenu un incontournable.
Encore aujourd’hui, la popularité de Slap Shot ne démord pas, comme en témoigne un documentaire récemment produit par le NHL Network pour souligner les 40 ans du film.
Quant aux autres films sur le hockey qui ont été produits, on ne parle pas de longs métrages qui passeront à l’histoire. Dans la plupart des cas, on place les bagarreurs à l’avant-scène, on dépeint les joueurs de hockey comme des demeurés et on est bien loin de la réalité. Étrangement, ce sont des aspects qui caractérisent Slap Shot.
On doit cependant dire que le Québec nous a offert quelques bons coups, notamment avec les premiers films de la série Les Boys. Malheureusement, face au succès de ces premiers films, on a tellement voulu presser le citron qu’à l’exception des véritables mordus de la bande à Stan, Bob et Méo, on a senti que l’intérêt des cinéphiles et des téléspectateurs n’y était tout simplement plus à la fin.
BEAU DÉFI
Pour revenir à la série sur Jean Béliveau, il sera intéressant de voir la réaction des téléspectateurs. Il est rare qu’une série ou un film consacré au sport se transforme en succès instantané.
Quand même bien réussi, le film de 2005 de Charles Binamé portant sur Maurice Richard ne figure pas parmi les chefsd’oeuvre du cinéma québécois. Plus récemment, un film fort attendu sur Jackie Robinson n’a pas obtenu le succès escompté.
Bref, il n’est pas simple de produire un film ou une série sur un sport ou un athlète en particulier. La menace de tomber dans la complaisance est bien présente, tout comme celle de devoir encaisser de sévères critiques si on dépeint un portrait trop sombre de l’individu dont on relate la vie. Un athlète n’est pas comme une vedette rock, pour qui les excès et les écarts de conduite sont glorifiés. On préfère s’imaginer que nos vedettes sportives affichent un comportement irréprochable en tout temps.