Le Journal de Montreal

Autre tempête attendue sur les plaines

Alex Harvey pourrait sécuriser sa troisième place au classement général en fin de semaine

- Alain Bergeron ABergeronJ­DQ

QUÉBEC | Un autre type de tempête guette Québec pour les trois prochains jours. Si Alex Harvey maintient ses acquis, il terminera sa saison sur la troisième marche d’un podium sur les plaines d’Abraham, dimanche, deux semaines après avoir été fait champion du monde.

Le seul véritable enjeu restant à cette Coupe du monde de ski de fond, c’est d’apprendre si le Québécois saura conserver les sept points d’avance au classement général qu’il détient sur le Finlandais Matti Heikkinen, qui devait entrer en ville en fin de soirée hier. Après le sprint individuel d’aujourd’hui, dans lequel Harvey pourrait creuser l’écart sur son poursuivan­t pour qui cette épreuve n’est pas une spécialité, il faudra une défaillanc­e de sa part en fin de semaine pour échapper l’option qu’il a en main.

Mauvaise nouvelle pour Heikkinen, toutefois: la foule aux abords du parcours ne connaît pas de mot en finlandais et c’est pour quelqu’un d’autre qu’elle se manifester­a.

«Personne n’a son réservoir à 100 %. La motivation à ce temps-ci de l’année, c’est peutêtre ce qui est le plus important. Moi, ma motivation est au maximum pour bien faire devant les gens de Québec et mes amis. J’ai encore le goût d’enfiler un dossard et de souffrir», disait le skieur de Saint-Ferréol à la veille de ce contact, son deuxième en deux ans sur les plaines après les deux étapes du Ski Tour en mars 2016.

«Si ça adonne qu’il est en quart de finale avec moi et qu’il entend la foule, et si elle est aussi bruyante que l’an passé, c’est sûr que ça pourrait être intimidant. Mais c’est quand même un grand champion lui aussi et il a beaucoup d’expérience. Je pense qu’il va être capable d’entrer dans sa bulle», a prudemment ajouté le Québécois à propos de Heikkinen.

«CONTENT D’ÊTRE ICI»

Depuis son retour dimanche, Harvey s’est terré chez lui jusqu’à mercredi soir. Il a skié sur son terrain de jeu au mont Sainte-Anne, cuisiné ses propres repas et passé du temps en famille. S’extirper du tourbillon des médias lui a aussi permis de recharger les piles. Après plus de quatre mois vécus d’hôtel en hôtel en Europe, retrouver son environnem­ent ne semble pas avoir altéré son envie de victoire.

«C’est même le contraire. Durant deux semaines, tu flottes sur un nuage. Mon gros objectif de la saison est atteint et même dépassé. Ensuite, il n’y a plus rien à perdre. Tout ce qui va arriver ensuite est un boni», estime l’auteur de 13 «top 10» individuel­s cette saison, dont une victoire à un 15 km en style libre le 21 janvier en Suède.

«Il y a une chose qui n’a jamais changé avec lui, autant lorsqu’il avait 20 ans qu’aujourd’hui à 28 ans: il a encore la même énergie pour un entraîneme­nt ou une course. Il est convaincu qu’il a une chance de gagner chaque jour. Et il est content d’être ici», témoigne son grand ami et coéquipier Devon Kershaw, qui a accepté son invitation de dormir chez lui à leur retour d’Europe.

ABSENTS DE TAILLE

Il manquera quelques-unes des épices qui relèvent habituelle­ment la sauce. Le Norvégien Martin Johnsrud Sundby, à qui le globe de cristal appartient déjà, a renoncé à faire le voyage en évoquant la fatigue et l’envie de retrouver sa famille. L’autre homme fort de la saison, le Russe Sergey Ustiugov, ne vient pas non plus pour attester sa deuxième place au cumulatif.

«Ça ouvre la porte pour des podiums», a commenté Harvey. «On ne peut pas battre les gens qui ne se présentent pas», ajoute-t-il comme phrase suivante.

Depuis ce 4 mars dernier, où il a décroché le titre le plus prestigieu­x des championna­ts du monde dans le stade de Lahti, le maître du 50 km voit maintenant ses pairs se retourner vers lui sur son passage. Cette fois, ce n’est plus dans la froide Finlande ou l’hostile Norvège que s’arrête la caravane de la Coupe du monde pour conclure une saison. C’est chez le champion du monde, dans un décor inusité pour cette clientèle, avec un fleuve comme voisin.

«Les autres skieurs ne sont pas fous, remarque Harvey. Ils voient bien qu’on a une plus petite équipe que les autres. On se bat de plus en plus à armes égales, mais ce n’est pas encore égal. Mais ils sont impression­nés qu’un Canadien ait gagné ce titre...»

« MOI, MA MOTIVATION EST À PLEINE CAPACITÉ POUR BIEN FAIRE DEVANT LES GENS DE QUÉBEC ET MES AMIS. J’AI ENCORE LE GOÛT D’ENFILER UN DOSSARD ET DE SOUFFRIR. » – Alex Harvey

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