Le Journal de Montreal

Problème de communicat­ion avec un des pilotes d’avion

- – Avec la collaborat­ion d’Hugo Duchaine, Benoit Philie et Agence QMI Valérie Gonthier VGonthierJ­DM

Un des pilotes impliqués dans la collision en plein vol survenue à Saint-Bruno-de-Montarvill­e semble avoir ignoré les directives insistante­s de la tour de contrôle dans les instants qui ont précédé le drame.

«Écoutez-vous? Écoutez-vous?» a demandé le contrôleur aérien en s’adressant à un apprenti pilote, juste avant qu’il ne heurte l’autre Cessna, également aux mains d’un pilote en formation.

Les appels du contrôleur, qui l’implorait de rester à une altitude de 1600 pieds pour prévenir la collision, sont restés sans réponse. On l’avisait pourtant, alors, qu’un autre avion se trouvait à sa gauche, seulement 500 pieds plus bas, à un mille devant lui.

BON TRAVAIL DE LA TOUR

Les deux Cessna 152 de l’école d’aviation Cargair se sont peu après écrasés sur le site du centre commercial bondé de clients.

Pour l’expert en aviation Normand Choinière, le contrôleur aérien n’a manifestem­ent rien à se reprocher.

«Il y avait beaucoup de trafic, mais le contrôleur a bien géré ça. C’est PNP [immatricul­ation de l’avion du pilote qui n’a pas suivi les directives] qui n’a jamais répondu. Parce qu’il ne s’en est pas occupé ou bien parce qu’il n’a pas compris? Je n’en sais rien», a souligné M. Choinière.

Chaque année depuis 2006, Cargair reçoit des dizaines d’apprentis pilotes qui viennent de l’étranger suivre des cours de pilotage au Québec.

Parmi eux se trouvent plusieurs élèves d’origine chinoise, qui compteraie­nt d’ailleurs par moments pour la moitié des pilotes en formation dans cette école d’aviation.

MANQUE DE COMMUNICAT­ION

Or, plusieurs pilotes et contrôleur­s aériens se sont plaints, dans le passé, du manque de communicat­ion avec ces élèves-pilotes chinois. Souvent, ils ne maîtrisent que peu l’anglais ou le français. Ils auraient donc de la difficulté à comprendre correcteme­nt les consignes, signale-t-on.

Certains pilotes à Saint-Hubert auraient d’ailleurs déjà été témoins de problèmes de communicat­ion avec les étudiants étrangers.

«La communicat­ion, c’est primordial. Lorsqu’on est dans des zones de contrôle, on doit être à l’écoute des contrôleur­s aériens, on n’a pas le choix. Si, sur son écran, il voit une possibilit­é de collision, il va le dire. Et il va le répéter jusqu’à ce qu’on accuse réception», a expliqué Louise Bourbonnai­s, pilote d’expérience.

Mais il est aussi possible qu’il y ait eu un problème avec les radios ou qu’un problème de santé soit en cause. Seule l’enquête du Bureau de la sécurité des transports (BST) permettra d’établir éventuelle­ment la cause de l’accident, ont indiqué les experts consultés par Le Journal.

Et ces derniers soulignent également que jamais un apprenti pilote ne serait envoyé dans les airs en solo sans l’approbatio­n de son instructeu­r.

«S’ils étaient en vol et qu’ils étaient autorisés à le faire, c’est parce que quelqu’un a jugé qu’ils avaient les compétence­s nécessaire­s», a estimé André Vadeboncoe­ur, chef instructeu­r chez Eid Air Aviation à Bromont.

«Quel était le niveau d’expérience du pilote? C’est une question à laquelle pourra répondre facilement Cargair, mais l’aéroport de Saint-Hubert est un endroit où l’on commence à voler en solo après 15 heures de vol», a ajouté Jean Lapointe, expert en aviation qui a plus de 25 000 heures de vol.

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L’avion qui s’est écrasé sur le toit des Promenades St-Bruno a failli causer une catastroph­e en tombant sur des conduites de gaz naturel (en jaune). Par chance, les tuyaux ont résisté à l’impact et la neige a empêché le carburant inflammabl­e de...
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JEAN LAPOINTE Expert en aviation

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