Le Journal de Montreal

Craints jusqu’aux États-unis

Les Hells québécois sont réputés « extrêmemen­t violents » selon un influent ex-membre américain du club

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La réputation des Hells Angels québécois, reconnus pour leur violence, est notoire, au point où leurs frères motards à l’étranger n’oseraient pas se mêler de leurs affaires. Même aux États-Unis, où les Hells sont nés il y a 69 ans. C’est ce qu’a dit au Journal l’un des plus célèbres membres de la bande, George Christie, dont la notoriété lui a permis de porter la flamme olympique avant les Jeux de Los Angeles en 1984. Le retraité des Hells nous a accordé une entrevue en début de semaine.

Comment les Hells du Québec sontils perçus par les Hells américains?

Je m’intéresse à eux depuis les années 1970. Je m’étais lié d’amitié avec Boss [Yves Buteau, premier président du chapitre de Montréal] lors de sa visite à Ventura. Il a été assassiné comme plusieurs de mes amis. J’ai aussi connu Walter [Stadnick, des chapitres montréalai­s et Nomads], qui venait de la même ville que ma première femme [en Ontario]. Et ce que je peux vous dire, c’est qu’autant les Hells Angels d’ici, en Californie, que ceux d’ailleurs aux États-Unis savent bien qu’on doit prendre les Hells Angels canadiens très au sérieux. Ils n’ont peur de rien.

Comment les décririez-vous?

Ils sont réputés pour être incroyable­ment violents et très déterminés. Pendant qu’ils faisaient la guerre aux Rock Machine, il était hors de question pour nous, du côté américain, de dicter quoi que ce soit aux Hells du Québec. Cette guerre a fait 160 morts. C’est quand même incroyable.

Vous avez même craint que cette guerre traverse la frontière?

Vers la fin des années 1990, les Rock Machine canadiens voulaient devenir Bandidos. Si les Bandidos, avec lesquels nous n’étions pas en guerre ici, absorbaien­t une bande qui était en guerre avec nous au Canada, le conflit aurait pu dégénérer et s’étendre aux ÉtatsUnis. Alors un jour, durant trois heures, j’ai rencontré des Hells du Canada et mon ami George Wegers, qui était président des Bandidos. On a discuté dans un parc de l’État de Washington, à la frontière canado-américaine, en quête d’une solution. Je crois que Walter [Stadnick, alors président des Hells canadiens] était là. On avait convenu avec George que les Bandidos n’accepterai­ent pas les Rock Machine dans leurs rangs. En fin de compte, certains Rock Machine sont quand même devenus Bandidos. Ça n’a pas plu aux Canadiens.

Les Hells n’ont plus de concurrenc­e d’aucun groupe de motards au Québec. Ça vous étonne?

Si c’est le cas, non, pas du tout. Chez vous, les Hells me semblent un exemple de cohésion, de discipline et de déterminat­ion. S’ils étaient à la tête d’une entreprise traditionn­elle, peu importe le secteur qu’ils auraient dans leur mire, ils finiraient par obtenir le contrôle total de ce secteur.

Avez-vous suivi de loin l’opération policière SharQc qui a ciblé tous les Hells québécois en 2009?

Oui. Et c’est venu prouver quelque chose que je répète depuis des années. En Californie, les Hells Angels ont fait la guerre aux motards Mongols [dans les années 1980]. À un moment donné, il ne restait que 18 membres aux Mongols. J’ai suggéré qu’on fasse la paix, qu’on les laisse retourner tranquille­ment dans l’ombre. Mais les Hells Angels ont refusé et tenaient à les éliminer. On leur a donné une raison de vivre et de continuer à se battre. Aujourd’hui, ce sont les Mongols qui contrôlent le sud de la Californie. Au Québec, la police a motivé les Hells à démontrer qu’ils pouvaient survivre à une telle opération. En plus, ils ont bénéficié de l’excès de zèle de la poursuite, dont les dossiers surchargés se sont écroulés en cour. Ça prouve bien leur résilience.

 ??  ?? George Christie a présidé durant 33 ans le chapitre de Ventura, en Californie, jusqu’à sa retraite des motards en 2011. Il a publié son autobiogra­phie en 2016, Exile on Front Street - My Life as a Hells Angel, en plus d’être la vedette d’une série...
George Christie a présidé durant 33 ans le chapitre de Ventura, en Californie, jusqu’à sa retraite des motards en 2011. Il a publié son autobiogra­phie en 2016, Exile on Front Street - My Life as a Hells Angel, en plus d’être la vedette d’une série...
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Eric Thibault EThibaultJ­DM

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