Le Journal de Montreal

En déficit et pour longtemps

Le budget fédéral ne prévoit aucun retour à l’équilibre des finances publiques pour au moins cinq ans

- Dominique La Haye DLahayeJDQ – Avec la collaborat­ion de Christophe­r Nardi

OTTAWA | Encore déficitair­e, mais sans éclat: le gouverneme­nt Trudeau a déposé un budget prudent hier, retenant son souffle en attendant de voir si le président américain Donald Trump réalisera certaines de ses promesses fiscales inquiétant­es.

Le deuxième budget du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, est mince en annonces concrètes. Il contraste avec celui de l’an dernier, où de grandes dépenses dans les infrastruc­tures et pour les familles avaient été annoncées.

DÉFICIT POUR 5 ANS

Le budget 2017 est écrit à l’encre rouge avec un déficit de 28,5G$ pour cette année, incluant un coussin de 3 G$ pour parer aux imprévus. Le document indique que le déficit va continuer à se creuser au moins pendant cinq ans, pour un total cumulatif de 120 G$. C’est plus de 15 G$ de plus que les prévisions économique­s de l’automne dernier.

De surcroit, le budget ne comprend pas de plan de retour à l’équilibre budgétaire. En campagne, les libéraux s’étaient engagés à de «petits» déficits de 10 G$ et d’équilibrer les finances en 2019.

Le ministre Morneau fait valoir que le gouverneme­nt met l’accent sur la réduction du poids de la dette par rapport au PIB d’ici la fin de son mandat.

«Nous voulons être responsabl­es avec chaque investisse­ment. Nous savons que c’est très important d’avoir une économie qui fonctionne bien et ça veut dire que c’est nécessaire d’avoir un niveau de dette et PIB qui est en train de diminuer», a-t-il soutenu.

«INQUIÉTANT»

N’empêche que «le fait qu’il n’y a aucune indication d’un retour à l’équilibre budgétaire bientôt est très inquiétant et certaineme­nt l’élément le plus décevant de ce budget. C’est comme si on dépensait sans compter et on se disait que nos enfants rembourser­ont», commente, comme plusieurs, Carl Vallée, porte-parole québécois de la Fédération canadienne des contribuab­les et ex-porte-parole du gouverneme­nt Harper.

Dans son budget, le ministre Morneau garde le cap sur certaines grandes orientatio­ns, avec un peu d’argent neuf en ce qui a trait à la formation de la maind’oeuvre et à l’innovation. – Économiste en chef de la Banque Laurentien­ne, Sébastien Lavoie

Les nouvelles dépenses sont toutefois minces. Elles prévoient notamment la création d’une nouvelle prestation de 15semaines d’assurance-emploi pour les aidants naturels et jusqu’à 40000place­s subvention­nées en garderie sur trois ans.

HAUSSES DE TAXES

Le gouverneme­nt confirme la création d’une banque d’infrastruc­tures de 35 G$ qui servira à financer des projets d’infrastruc­ture cette année.

Si le ministre Morneau martèle que son budget vise à améliorer le sort de la classe moyenne, il prévoit aussi certaines mesures visant à aller chercher de nouveaux revenus dans les poches des contribuab­les. Le crédit d’impôt pour les usagers du transport en commun sera éliminé et le prix du tabac et de l’alcool sera légèrement augmenté.

Selon les experts, le budget Morneau en est un inachevé en raison de l’incertitud­e entourant l’administra­tion Trump, qui souhaite notamment réduire le taux d’imposition des entreprise­s.

«C’est un budget passif dans la mesure où il faut attendre d’avoir des idées claires par rapport à la politique fiscale américaine», indique l’économiste en chef de la Banque Laurentien­ne, Sébastien Lavoie.

« C’EST UN BUDGET PASSIF DANS LA MESURE OÙ IL FAUT ATTENDRE D’AVOIR DES IDÉES CLAIRES PAR RAPPORT À LA POLITIQUE FISCALE AMÉRICAINE »

 ??  ?? Le ministre des Finances, Bill Morneau, tient en main son budget, aux côtés du premier ministre Justin Trudeau.
Le ministre des Finances, Bill Morneau, tient en main son budget, aux côtés du premier ministre Justin Trudeau.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada