Le Journal de Montreal

L’éducation à la sexualité doit revenir

Plusieurs intervenan­ts pressent le ministre Sébastien Proulx de poser les gestes nécessaire­s

- Daphnée Dion-Viens daphneeDV

QUÉBEC | Alors que le ministre de l’Éducation se dit «extrêmemen­t préoccupé» par le fléau des sextos chez les adolescent­s, plusieurs le pressent d’agir afin que l’éducation à la sexualité revienne une fois pour toutes sur les bancs d’école.

Le Journal rapportait hier que le partage de sextos entre jeunes est devenu un véritable fléau selon plusieurs intervenan­ts, alors que des échanges de photos nues se déroulent à la suite de rencontres faites sur la nouvelle applicatio­n Yellow, le Tinder des 13-18 ans.

Interpellé à ce sujet par le Parti québécois à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a indiqué qu’il voulait étendre les projets pilotes sur l’éducation à la sexualité, qui se déroulent depuis deux ans dans une quinzaine d’écoles.

« DU TRAVAIL À FAIRE »

«Mon souhait, c’est aller de l’avant davantage avec ce qui se fait actuelleme­nt, mais il y a encore du travail à faire, notamment sur les contenus, et il y a des interrogat­ions sur la façon de l’enseigner», a-t-il affirmé. Une décision sera prise sous peu, a-t-il dit.

Le contenu de ce nouveau programme – où la pornograph­ie, les sextos et le consenteme­nt sont au menu – fait relativeme­nt consensus, mais la formule testée en projet pilote est loin de faire l’unanimité. Il ne s’agit pas d’un nouveau cours en soi, mais plutôt de capsules d’informatio­n qui sont intégrées dans la grille-matières existante, à raison de 5 à 15 heures par année, soit une heure par mois en moyenne.

« PIRE » QUE LE STATU QUO

Pour la Fédération autonome de l’enseigneme­nt, c’est toutefois nettement insuffisan­t. «C’est même pire que le statu quo, ça donne l’impression que les cours d’éducation à la sexualité sont revenus et que le problème est réglé» alors que ce n’est pas le cas, affirme sa vice-présidente, Nathalie Morel.

Il est par ailleurs «essentiel» que les profs qui enseignero­nt ces nouveaux contenus soient formés pour le faire et épaulés par des profession­nels, ajoute Mme Morel, qui réclame aussi davantage de psychologu­es, d’infirmière­s et de sexologues dans le réseau scolaire.

À la Fédération des comités de parents du Québec, sa présidente, Corinne Payne, presse le ministre de passer en «deuxième vitesse». «Qu’est-ce que ça prend de plus pour passer à l’action?» lance-t-elle.

La directrice du Centre Cyber-aide, Cathy Tétreault, aimerait de son côté que la mobilisati­on en cours contre les violences sexuelles sur les campus s’étende aussi au réseau scolaire.

 ??  ?? L’enseignant­e Nathalie Ringuette, qui est aussi diplômée de sexologie, est corédactri­ce du cours d’éducation à la sexualité axé sur la responsabi­lisation et la santé sexuelle enseigné dans des écoles secondaire­s de la commission scolaire de la Capitale.
L’enseignant­e Nathalie Ringuette, qui est aussi diplômée de sexologie, est corédactri­ce du cours d’éducation à la sexualité axé sur la responsabi­lisation et la santé sexuelle enseigné dans des écoles secondaire­s de la commission scolaire de la Capitale.
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