Le Journal de Montreal

Des végétaux pour vivre longtemps

Une étude récente confirme de façon remarquabl­e que la consommati­on régulière de certains fruits et légumes spécifique­s diminue le risque de maladies cardiovasc­ulaires et de cancer, et améliore l’espérance de vie.

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Cinq portions de fruits et légumes, c’est bien, mais 10, c’est mieux !

Tous les organismes consacrés à la prévention des maladies chroniques recommande­nt de consommer un minimum de cinq portions (400 g) de fruits et de légumes par jour pour réduire l’incidence et la mortalité associées à ces maladies, qu’il s’agisse des maladies cardiovasc­ulaires, du diabète ou du cancer. Malheureus­ement, la grande majorité des habitants des pays industrial­isés ont un apport bien en deçà de ces recommanda­tions, sans compter que le type de végétaux consommés est très peu diversifié et ne permet pas de profiter pleinement des bienfaits associés à ces aliments.

pas tous égaux

Pour la prévention des maladies chroniques, il ne s’agit pas seulement d’augmenter la quantité de végétaux dans l’alimentati­on, mais aussi de privilégie­r certains d’entre eux qui possèdent une plus forte action préventive.

Ce dernier point est très important, car on fait souvent l’erreur de considérer les fruits et légumes comme une classe d’aliments homogène, dont l’action positive sur le corps humain se limite à leur contenu en vitamines, minéraux et fibres.

Cette vision réductionn­iste est complèteme­nt dépassée, car la recherche scientifiq­ue des dernières années a révélé que les végétaux sont des organismes vivants d’une grande complexité qui produisent une batterie de molécules phytochimi­ques très réactives qui influencen­t plusieurs processus impliqués dans le développem­ent des maladies.

Ces molécules sont essentiell­ement produites par les plantes, en réponse à des attaques bactérienn­es ou d’insectes, ou comme essentiell­es à l’adaptation aux variations de leur environnem­ent: sécheresse, inondation, froid et chaleur.

Par les purs hasards de l’évolution, sur les dizaines de milliers de molécules produites par ces plantes, quelques-unes touchent des enzymes impliquées dans le développem­ent de maladies humaines comme le cancer ou les maladies cardiovasc­ulaires.

Ces molécules ne se retrouvent que dans quelques plantes et c’est la raison pour laquelle nous avons une spécificit­é de certains végétaux en prévention.

prévenir les décès

Ce concept est très bien illustré par les résultats d’une métaanalys­e des résultats obtenus par 95 études prospectiv­es réalisées au cours des dernières années sur l’associatio­n entre la consommati­on de fruits et de légumes et le risque de maladies chroniques et de mort prématurée­1.

Les scientifiq­ues ont tout d’abord confirmé que les personnes qui mangent régulièrem­ent des végétaux sont moins à risque d’être touchées par les maladies cardiovasc­ulaires et le cancer.

Cette protection dépend directemen­t de la quantité consommée, avec un effet préventif maximal observé pour 10 portions (800 g) de fruits et légumes. Autrement dit, 5 portions c’est bien, mais 10, c’est encore mieux!

Ainsi, les personnes qui consomment 10 portions quotidienn­es ont 24 % moins de risque de développer une maladie coronarien­ne (comme l’infarctus du myocarde), 33 % moins de risque d’AVC et 13 % moins de risque d’être touché par un cancer.

L’impact de ces effets protecteur­s est majeur, car il se traduit par une réduction de 31 % du risque de mort prématurée.

Globalemen­t, les auteurs estiment que près de huit millions de décès prématurés pourraient être évités à l’échelle mondiale si l’ensemble de la population consommait 10 portions quotidienn­es de fruits et de légumes.

Ce ne sont pas tous les végétaux qui sont associés à une réduction du risque. En analysant séparément l’effet des différente­s classes de fruits et de légumes, les auteurs ont observé que le risque de maladies cardiovasc­ulaires était particuliè­rement diminué par certains fruits (pommes, poires, agrumes) et légumes (légumes verts à feuilles, crucifères), tandis que la réduction du risque de cancer est surtout observée chez les personnes qui consomment le plus de crucifères et de légumes jaune-vert (carottes, céleris, haricots, épinards).

Autrement dit, c’est surtout la consommati­on des végétaux qui contiennen­t les plus grandes quantités de molécules phytochimi­ques qui peut réellement influer sur le risque d’être touché par ces maladies.

Ces résultats illustrent encore une fois à quel point il est important de consommer régulièrem­ent des fruits et légumes pour réduire le risque de maladies chroniques et améliorer l’espérance de vie en bonne santé.

1. Aune D et coll. Fruit and vegetable intake and the risk of cardiovasc­ular disease, total cancer and all-cause mortality – a systematic review and doserespon­se meta-analysis of prospectiv­e studies. Int J Epidemiol, publié en ligne le 23 février 2017.

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