Le Journal de Montreal

La guerre ? Maybe sir !

- Lise ravary lise.ravary@quebecorme­dia.com

Les vieux disent parfois «ça va prendre une bonne guerre» pour régler les intraitabl­es problèmes de notre époque, migrations, mondialisa­tion, fanatisme religieux et montée de l’intoléranc­e au premier rang.

Au loin, un grondement sourd monte. Ce n’est pas le tonnerre, mais les discussion­s de généraux en Corée du Nord, aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Arabie saoudite et en Iran, réunis dans des bunkers sans fenêtres et élaborant des plans au cas où l’ordre mondial serait au bord de l’effondreme­nt.

LE NERF DE LA GUERRE

Même un pays libre de toute ambition géopolitiq­ue comme la Suède vient d’annoncer le retour du service militaire obligatoir­e en 2018, huit ans après son abolition.

L’automne dernier, l’OTAN a renforcé sa présence à l’Est en expédiant 4000 soldats, des avions, des tanks et de l’artillerie lourde en Pologne et dans les pays baltes pour donner suite à sa promesse de protéger les pays limitrophe­s de la Russie à la suite de l’invasion de la Crimée en 2014.

La Russie, qui aime jouer à la victime, se dit outrée, mais omet de dire dans ses communiqué­s pleurnicha­rds qu’elle a de son côté augmenté ses effectifs militaires à l’est de Moscou à plus de 300 000 hommes en mai 2016.

Pendant ce temps, le dirigeant fou de la Corée du Nord s’amuse avec ses jouets nucléaires.

L’Iran et l’Arabie saoudite se battent par pays interposés pour le contrôle du Moyen-Orient, mais surtout de l’islam. Et la Chine continue d’intimider ses voisins en repoussant ses limites territoria­les et maritimes.

Donald Trump, qui aurait aimé que des véhicules militaires soient inclus dans son défilé inaugural – le Pentagone a dit non – souhaite augmenter la force de frappe nucléaire américaine.

L’augmentati­on du nombre de civils tués là où il y a présence américaine au Moyen-Orient laisse aussi croire que le président tient sa promesse de frapper fort contre l’ÉI, sans se préoccuper outre mesure des dommages collatérau­x.

Pour la première fois, des troupes de combat américaine­s ont été déployées sur le sol syrien ces dernières semaines en vue de l’assaut contre Raqqa, la capitale de l’État islamique.

Tout cela sur un fond de nationalis­mes exacerbés.

ET MAINTENANT ?

On ne peut nier que nous traversons une période d’instabilit­é même si la situation ne se compare en rien, par exemple, à la crise des missiles russes à Cuba en 1962.

La question se pose néanmoins: qu’est-ce qui pourrait faire tomber le monde dans la guerre?

Selon le classique Handbook on the political economy of war, des dirigeants politiques, jugés rationnels et prudents (mes italiques), doivent être convaincus que les gains potentiels d’une guerre – territoire­s, prestige ou ressources – dépasseron­t les coûts humains et économique­s et, bien entendu, l’échec de négociatio­ns en vue d’un compromis réaliste et mutuelleme­nt avantageux.

Difficile de décrire comme «rationnels et prudents» Kim Jong Un et Donald Trump qui, sans être cinglé comme le leader nord-coréen, est non seulement imprévisib­le, mais conseillé par des idéologues qui ne reculeraie­nt pas devant un renverseme­nt de l’ordre mondial pour rendre sa grandeur à l’Amérique.

De toute ma vie, je n’ai jamais pensé à la possibilit­é d’une grande guerre. Jusqu’à maintenant.

Et vous?

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