Le Journal de Montreal

Londres : plaque tournante de l’islamisme radical

- FATIMA HOUDA-PEPIN fatima.houda-pepin@quebecorme­dia.com

Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère

Londres a encore été frappée par le terrorisme. Le 22 mars dernier, un Britanniqu­e converti à l’islam, Khalid Masood, a porté sa violence meurtrière aux portes du Parlement de Westminste­r. Bilan: 4 morts et une cinquantai­ne de blessés.

LES MUSULMANS BRITANNIQU­ES

L’immigratio­n musulmane s’est amorcée au Royaume-Uni au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, après la partition, dans le sang, de l’Inde et du Pakistan en 1947.

Avec la décolonisa­tion, l’Empire britanniqu­e s’est retranché dans ses terres, meurtri par la perte de ses joyaux de la couronne. Il a ramené dans ses bagages, de son lointain Commonweal­th, des sujets britanniqu­es, notamment des musulmans du sous-continent indien qui ne tarderont pas à revendique­r leurs droits comme citoyens à part entière. Leur intégratio­n était le dernier de ses soucis.

Ils seront parqués dans des quartiers malfamés et livrés à leur sort. Ce vide sera vite comblé par les idéologues et prédicateu­rs indo-pakistanai­s à la solde de l’Arabie saoudite, auxquels se joindront les Frères musulmans et autres groupes salafistes.

Ainsi, dès le départ, et jusqu’à aujourd’hui, l’islam au Royaume-Uni est dominé par une forte composante asiatique avec ses islamistes radicaux qui imposeront leur programme politique en s’érigeant en interlocut­eurs officiels du gouverneme­nt.

Une multitude d’associatio­ns islamistes, généreusem­ent financées par les pouvoirs publics, voient le jour, de même que des centaines d’écoles coraniques et plus de 1000 mosquées.

C’est ainsi que, dans l’indifféren­ce totale du gouverneme­nt et à la faveur d’un multicultu­ralisme rampant, ces leaders autoprocla­més vont introduire au coeur des cités anglaises leur patriarcat, leur système de valeurs, leur code d’«honneur», leur voile intégral, leur ségrégatio­n sexuelle, leurs tribunaux islamiques et leur système de justice basé sur la charia. Même la première ministre, Theresa May, doit se voiler quand elle se rend dans leurs locaux.

Cette ghettoïsat­ion est source de tensions. L’ancien président de la commission Égalité et droits de l’homme, Trevor Phillips, y a vu rien de moins que «l’apparition d’une nation dans la nation, avec sa propre géographie, ses propres valeurs et son propre avenir.»

Paradis du multicultu­ralisme sans limites, le Royaume-Uni est devenu, au fil des ans, un dépotoir à ciel ouvert des discours haineux crachés sur la place publique par des prédicateu­rs radicaux.

LONDRES SOUS OCCUPATION ISLAMISTE

Londres sera, à son tour, leur havre de paix. Elle accueiller­a les islamistes les plus notoires du monde. C’est notamment le cas d’Abbassi Madani, qui baignera dans la filière islamiste de Londres durant ses années d’études doctorales avant de fonder, en Algérie, en 1990, le Front islamique du Salut qui y a semé terreur et désolation.

Un autre disciple des Frères musulmans a trouvé bon accueil à Londres durant ses 20 années d’exil. Il s’agit de Rached Ghannouchi, chef islamiste du parti Ennahda qui a effectué un retour largement médiatisé à Tunis en 2011.

Londres, où des quartiers entiers ont été déclarés «zones d’applicatio­n de la charia», est devenue la maison mère de l’internatio­nale djihadiste par laquelle transite la finance islamiste et s’organise la résistance contre la démocratie occidental­e et ses valeurs.

Birmingham, la deuxième ville en importance, est également tombée sous l’emprise des islamistes.

Dans au moins 25 écoles publiques où les femmes enseignent avec leur voile intégral, ils ont réussi à chasser les équipes pédagogiqu­es et à les remplacer par des talibans qui endoctrine­nt les enfants afin de lutter contre «l’égarement et la mécréance occidental­e».

La ségrégatio­n sexuelle y est de mise et les cours de biologie, de musique, d’éducation physique et de natation sont interdits aux filles.

Theresa May, la première ministre britanniqu­e qui a déclaré que le terrorisme ne lui faisait pas peur a besoin de plus que de bons sentiments pour affronter ce défi de taille. Le terrorisme, c’est le sommet de l’iceberg.

Or, pour combattre l’islamisme radical, il faut s’attaquer à l’iceberg tout entier, à commencer par l’endoctrine­ment.

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