Le Journal de Montreal

Banale histoire de violence

- ISABELLE MARÉCHAL Journalist­e, animatrice isabelle.marechal @quebecorme­dia.com

Une fois de plus, je me désole devant les derniers exemples de la banalisati­on de la violence faite aux femmes. Il faut se rendre à l’évidence. Ou les femmes s’y prennent mal pour faire passer le message, ou tout le monde s’en fout. J’opterais pour cette dernière. La violence au hockey, c’est inacceptab­le, mais une femme battue par son conjoint, ça fait partie des moeurs. Il se trouve même des imbéciles pour dire que «si elle reste, c’est qu’elle doit aimer ça».

UNE PLAIE CHEZ LES JEUNES

La violence chez les jeunes est traitée avec la même légèreté. Quand une jeune Daphné de 18 ans se fait poignarder par son ex jaloux, on met ça sur le dos de l’amour. On a pitié du pauvre gars qui n’a pas appris à aimer comme il faut. Ça n’a rien à voir avec l’amour. Rien. C’est juste de la violence, banale comme la lune, de la rage meurtrière qui ne laisse jamais de chance à la victime. C’est juste une autre histoire de gars qui veut contrôler sa blonde. La blonde résiste, le gars la tue. Impression de déjà-vu.

Prenez Gilles Deguire, ex-policier, ex-maire. Il est coupable d’agressions sexuelles sur une ado de 13 ans. Il lui a volé son corps et son âme et il s’en sort avec six mois de prison. La défense et la Couronne trouvent ça «tout à fait raisonnabl­e». Je trouve ça franchemen­t dégueulass­e. L’agresseur n’a qu’à dire «oups, désolé!» et on le félicite pour son repentir. Belle invitation aux déviants qui mettent leurs mains sales dans les culottes de nos enfants. Il est temps de punir à la hauteur du dommage.

SILENCE SUR LE CAMPUS

Sur les campus, les recteurs ferment les yeux face aux actes répétés de violence sexuelle à l’endroit d’étudiantes démunies et apeurées. Elles ont beau dénoncer, elles se butent au silence des institutio­ns. C’est anormal que 60% des étudiantes de premier cycle universita­ire aient été victimes de violence sexuelle. Le Comité fédéral permanent de la condition féminine vient pourtant de proposer 45 pistes de solutions pour agir. On sait quoi faire. On choisit juste de ne rien faire.

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