Le Warren Buffet québécois
Lancement de la biographie de Jean-Guy Desjardins
Est-ce parce qu’il n’évolue pas dans l’industrie du cirque, des médias ou du sport professionnel que Jean-Guy Desjardins est peu connu du commun des mortels? Et pourtant! L’homme de 72 ans est à la tête de Fiera, la première entreprise de placement en importance au Québec après la Caisse de dépôt et placement. Elle gère un actif sous gestion de plus de 116 milliards de dollars, et compte 600 employés, dont plus de 150 professionnels du placement.
«C’est grâce à lui si Montréal a une présence significative dans la finance canadienne», dit l’auteure Jacqueline Cardinal, qui lui consacre une biographie, publiée jeudi aux Presses de l’Université du Québec au titre évocateur: Le phénix de la finance.
Un homme acharné, à l’ambition démesurée, mais très discret. «Il est axé sur l’action, et il n’aime pas faire étalage de ses succès ni ne cherche les projecteurs», dit Jacqueline Cardinal, qui en est à sa neuvième biographie d’entrepreneurs.
UN REBELLE
Cet entrepreneur a été un élève rebelle, turbulent, expulsé tour à tour de quatre écoles. C’est à HEC Montréal qu’il a eu sa révélation: il sera gestionnaire de portefeuille. L’époque était formidable, dit sa biographe.
«Il y avait de jeunes profs, qui revenaient d’étudier des États-Unis, avec de nouvelles théories, et des praticiens d’expérience.» Parmi ces nouvelles idées: la théorie moderne du portefeuille (Modern Portfolio Theory, ou MPT), qui inspirera toute l’oeuvre de Jean-Guy Desjardins.
À sa sortie de l’université, à l’aube des années 70, il travaillera pour la Sun Life, avant de gérer le portefeuille de la richissime famille ontarienne Timmins. C’est ainsi que naît TAL Gestion globale d’actifs.
«On oublie souvent que Fiera Capital est la deuxième entreprise de placement fondée par Jean-Guy Desjardins», souligne sa biographe, qui est également professeur à la Chaire de leadership Pierre-Péladeau à HEC Montréal.
TAL et ses 65 milliards $ d’actifs sous gestion sera vendue en 2001 à la banque CIBC, qui en détenait des parts. «Jean-Guy Desjardins a alors fait une fortune», dit Mme Cardinal.
PAS QUESTION DE RETRAITE
Mais il est amer. Et à 58 ans, pas question de retraite, aussi dorée fût-elle.
Avec cet argent, il a tablé sur son deuxième bébé. En 2003, il a créé Fiera Capital, dont il a aujourd’hui le contrôle absolu. «Il n’a pas répété les erreurs qui l’ont amené à vendre TAL, malgré lui», dit Jacqueline Cardinal.