Noël au printemps
C’est un exercice très habile. En dévoilant hier son «budget de l’espoir retrouvé», le gouvernement Couillard cherche à obtenir un retour sur l’investissement politique colossal qu’a représenté la marche vers l’équilibre. Ce faisant, il ne manque pas de cynisme.
Les réinvestissements annoncés en Santé et en Éducation ne couvrent principalement que l’augmentation naturelle des coûts de système, pour cette année. Ils ne reviennent pas sur les importantes compressions absorbées.
LES CADEAUX
On se montre également très adroit quant aux retours fiscaux que l’on accorde aux contribuables. On avait déjà devancé l’abolition de la taxe santé. On la rend maintenant rétroactive, mesure attendue.
La surprise vient de cette augmentation de l’exemption personnelle de base. Une décision qui ne sera pas fortement ressentie par les citoyens.
C’est donc un budget destiné à faire plaisir. N’en doutez pas, ce sont le ministre des Finances et ses collègues qui en sont les plus contents, après trois ans d’abrupt retour à l’équilibre.
LA SEULE CHOSE QUI VA BIEN
Les finances publiques, c’est la seule chose qui va bien, pour les libéraux. Carlos Leitao ne laisse jamais tomber son équipe.
En Santé, le brassage de structures ne s’est pas encore traduit par une amélioration des services. En Éducation, ça semble mieux se passer. Ça aura pris quatre ministres.
En Justice et en Sécurité publique, on a des mauvaises surprises là où on ne devrait pas. Aux Transports, les choses ne s’ensoleillent pas et à l’Environnement, on apprenait en fin d’après-midi que le tribunal administratif du Québec invalidait une décision du ministre Heurtel.
Ce budget, c’est Noël pour le gouvernement, avec distribution de cadeaux à l’avenant. Une journée que l’on consacre à la seule chose qu’on a bien réussie, soit revenir à l’équilibre.
Malheureusement, la politique ne se résume pas à des colonnes de chiffres et le déficit 0 ne constitue pas un projet de société.