Le fédéral poursuivi pour 124 millions $
Les travaux du nouveau pont Champlain ralentis
Le consortium retenu pour construire le nouveau pont Champlain poursuit le fédéral pour 124 millions $, à cause de limitations de poids sur le pont actuel qui compliquent son travail.
«Ces restrictions ont obligé [le consortium] à trouver des solutions alternatives pour transporter le béton préfabriqué et des éléments de structure en acier», peut-on lire dans la poursuite civile déposée hier en Cour supérieure du Québec par le consortium Signature sur le Saint-Laurent.
En 2015, le consortium avait obtenu le contrat d’un nouveau pont, puisque celui présentement en service était dans un état lamentable.
Or, en raison de la décrépitude du pont Champlain, l’État a imposé une charge maximale de 30 tonnes à tout véhicule circulant sur le pont.
STRATÉGIES
Le hic, c’est que le consortium devait l’utiliser pour transporter des pièces allant jusqu’à 80 tonnes. Le groupe allègue que ce détail lui a été révélé 13 mois après avoir obtenu le contrat, alors que la logistique allait déjà bon train.
«[Le consortium] a développé sa stratégie de construction en se basant sur la fabrication de pièces hors site excédant 65 tonnes, ainsi que le transport de pièces d’au plus 80 tonnes», peut-on lire dans le document de cour.
Ces limitations ont ainsi «perturbé entièrement» le plan initial et ont ainsi causé un impact financier «colossal et complexe», indique la poursuite civile de 47 pages.
Par exemple, des pylônes ont dû être livrés par voie maritime plutôt que par voie terrestre. D’autres pièces ont dû être livrées par train.
En plus d’augmenter les coûts, le consortium a dû embaucher du personnel supplémentaire afin de gérer les changements de plan, indique le document de cour.
RETARDS
Dans sa stratégie initiale, le consortium indique s’être basé sur différents projets routiers au Québec.
Lors de la construction de l’autoroute30, les transports pouvaient peser jusqu’à 75,1 tonnes. L’échangeur Turcot, quant à lui, nécessitait la livraison de pièces de 69 tonnes.
À cause de cet imprévu, le consortium indique qu’il pourrait y avoir des retards dans la livraison du nouveau pont, prévue pour le 1er décembre 2018.
«[Le consortium] se réserve le droit de demander une extension des délais», indique-t-il dans sa poursuite.
Notons que les parties s’étaient rencontrées l’année passée, mais sans résultat.
C’est pour cette raison que le tribunal a été saisi de l’affaire, peut-on lire dans le document de cour.
Le montant de 124 millions $ pourrait aussi être augmenté, selon la preuve qui sera présentée au procès.