Un couple enfin réuni dans le même CHSLD
Mariés depuis 60 ans, ils étaient séparés depuis 1 an
Un couple d’aînés de Lanaudière séparé depuis un an vit maintenant dans le même CHSLD, trois semaines après la publication d’un article dans Le Journal, où leur fille dénonçait cette séparation forcée.
L’histoire de Lucien Cloutier et Marcia Fillion, mariés depuis 60 ans, avait même soulevé l’indignation d’élus à l’Assemblée nationale, qui qualifiaient la situation de «maltraitance institutionnelle».
Mais vendredi dernier, l’homme de 90 ans a été avisé qu’un lit était libre dans une chambre pour deux, au même étage que son épouse de 88 ans. Il a déménagé le jour même au Centre d’hébergement Heather de Rawdon.
À SES CÔTÉS
Lucien Cloutier était si content d’enfin retrouver son épouse qu’il a passé sa première nuit au CHSLD dans un fauteuil au pied de son lit.
«Mon père ne comprenait pas qu’il pouvait rester auprès de maman quand il a déménagé. Il pensait qu’on le ramènerait dans son ancien centre, c’est pour ça qu’il ne voulait plus sortir», raconte sa fille Sylvie Cloutier, qui demandait à ce que ses parents puissent vivre ensemble depuis un an.
Les deux aînés sont atteints de la maladie d’Alzheimer et les trous de mémoire se font de plus en plus grands, raconte leur fille Sylvie Cloutier. Sa mère, dit-elle, ne se souvient encore que de son père, dont l’état commence à son tour à se détériorer.
« DERNIÈRE CHANCE »
«C’était la dernière chance avant qu’il ne soit trop tard et qu’ils s’oublient», se réjouit Mme Cloutier.
La porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière, Pascale Lamy, explique simplement par courriel que «des modalités pour une entente entre la famille, le CHSLD privé et le CISSS ont été établies pour réunir le couple, à la satisfaction de la famille».
L’an passé, le CISSS de Lanaudière disait pourtant à la famille qu’il était impossible de les réunir puisque M. Cloutier n’était pas assez malade pour vivre en CHSLD.
Il n’avait donc pas eu d’autre choix que d’aller dans un centre intermédiaire, où ses enfants pouvaient seulement l’amener voir son épouse les fins de semaine.
Puis, l’aîné s’est blessé cet hiver et n’a pas pu voir son épouse pendant de longues semaines. Cette dernière pensait même qu’il s’était trouvé une autre femme puisqu’il ne venait plus la voir, raconte sa fille.
«Mieux vaut tard que jamais», répond Sylvie Cloutier, soulagée que son père puisse maintenant voir sa mère tous les jours et surtout, qu’il recommence à jouer de l’harmonica pour elle.