Le Journal de Montreal

Étudier en pédalant

Des postes actifs installés à l’Université de Montréal

- Dominique scali

Il est maintenant possible d’étudier debout ou en pédalant dans trois bibliothèq­ues de l’Université de Montréal. Des postes de travail actifs y ont été installés dans le cadre d’une étude en kinésiolog­ie inédite au pays.

«Si vous recevez des courriels stressants, vous êtes peut-être mieux de les ouvrir en pédalant», illustre Marie-Ève Mathieu, chercheuse au départemen­t de kinésiolog­ie de l’Université de Montréal et au CHU Sainte-Justine.

C’est ce que tentera de vérifier l’étude, qui a nécessité l’installati­on de six postes de travail actifs dans différente­s bibliothèq­ues de l’Université dans les dernières semaines.

ENDROIT PUBLIC

Les étudiants peuvent donc tester un poste assis avec pédalier ou un poste debout dont la hauteur de la table est ajustable. Et, si le coeur leur en dit, ils peuvent remplir un questionna­ire sur ce qu’ils apprécient ou non de ces équipement­s.

Avec les données des questionna­ires, qui seront recueillie­s jusqu’en octobre, la chercheuse pourra tirer de nombreuses conclusion­s. Quel type de travail intellectu­el est faisable tout en pédalant? Est-ce possible de rédiger un article scientifiq­ue ou écrire un roman en se tenant debout?

«Une étude a montré que le fait de lire un texte en marchant permettait de mieux en retenir le contenu», illustre-t-elle.

Les données préliminai­res tendent toutefois à indiquer que les postes actifs sont plus adéquats pour la gestion de courriels et la lecture que pour la rédaction ou le travail demandant la plus grande concentrat­ion.

Les résultats auront le potentiel d’avoir un grand impact puisqu’il s’agit probableme­nt de la première recherche qui s’intéresse à des postes actifs installés dans un endroit public au Canada, note Mme Mathieu.

À long terme, la chercheuse souhaitera­it que la population générale soit sensibilis­ée à l’importance de ne pas rester assis pendant des heures, des écoliers du primaire jusqu’aux travailleu­rs adultes.

Le but n’est pas tant de faire de l’activité physique que de casser la sédentarit­é, qui a de lourdes conséquenc­es sur la santé des travailleu­rs, explique Mme Mathieu. «Quelqu’un qui fait deux heures de sport par jour, mais qui reste assis tout le reste de la journée est quand même sédentaire.»

PAS UN SPORT

Il existe toutefois un bémol. De précédente­s recherches ont montré que les gens qui ont utilisé un poste actif au bureau ont tendance à faire moins de sport le soir, souligne Mme Mathieu. Or, la dépense énergétiqu­e n’est pas suffisante pour être qualifiée d’activité physique.

Les postes actifs ont commencé à faire leur entrée il y a une dizaine d’années, notamment dans les entreprise­s qui ont à coeur la santé de leur personnel. Les gens qui souffrent de maux de dos ou de genoux apprécient particuliè­rement ces équipement­s qui permettent une alternance dans la posture, indique Mme Mathieu.

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PHOTO DOMINIQUE SCALI Louise Labelle, technicien­ne à la bibliothèq­ue des HEC, a essayé le poste de travail avec pédalier.

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