Le Journal de Montreal

Combattre le cancer « sans pleurer »

Un adolescent de 16 ans passionné de natation vit l’épreuve positiveme­nt

- Héloïse Archambaul­t Harchambau­ltjdm

« FAIRE DU SPORT M’AIDE BEAUCOUP À SORTIR LA CHIMIO DE MON CORPS. ET PLUS VITE ÇA SORT, MIEUX C’EST. » – Charles-Henri Bérubé, 16 ans

Atteint d’une leucémie à haut risque de récidive depuis trois ans, un adolescent de 16 ans affronte la maladie «sans pleurer» et se défonce dans la natation, une passion qui l’aide à surmonter la chimiothér­apie.

«Vaut mieux en rire qu’en pleurer!», résume candidemen­t Charles-Henri Bérubé, dont les chances de survie sont de 70 %.

«On a décidé qu’on ne pleurait pas, ajoute sa mère Manon Duchesneau. On se lance là-dedans, et on reste positifs.»

Le 28 janvier 2014, la vie de cette famille de Frelishbur­g, en Estrie, a basculé. Aîné d’une famille de trois enfants, Charles-Henri combat depuis trois ans une leucémie aiguë lymphoblas­tique à haut risque de récidive.

Mis à part l’épilepsie, le garçon de 13 ans, à l’époque, n’avait jamais été malade. Toutefois, il avait remarqué que quelque chose clochait depuis six mois.

«Mes temps (de natation) montaient, se rappelle celui qui nage 12 heures par semaine dans un programme sportétude­s, à Cowansvill­e. Je ne battais plus mes temps aux compétitio­ns. Ce n’était vraiment pas normal pour moi!»

PEUR DE LE PERDRE

Après plusieurs tests, le terrible diagnostic est finalement tombé.

«Ça m’a pris une semaine à comprendre et à accepter que c’était réel. Je souriais quand ils m’ont donné le diagnostic, je me disais que la docteure s’était trompé de dossier», rigole-t-il.

«Il disait: “Ma mère est forte, elle va m’aider”», se rappelle Mme Duchesneau, qui avait essuyé quelques larmes à l’époque.

Malgré leur volonté de demeurer positifs, certaines périodes ont été difficiles. Au printemps 2014, ses parents ont même eu peur de le perdre.

«Il n’était plus capable de manger et était devenu très maigre. Les médecins craignaien­t une infection. Tout d’un coup, il est reparti vers le haut comme un miracle», conte la mère.

En 2014, Charles-Henri a dû arrêter l’école et la natation durant plus d’un an, et a fait de nombreux allers-retours à l’hôpital de Montréal pour enfants.

«C’est un garçon avec un bon optimisme, une bonne façon de voir les choses, ajoute la Dre Christine Sabapathy, oncologue pédiatriqu­e qui le suit. Son but a toujours été de retourner à l’école et à la natation. C’est sa déterminat­ion qui l’a guidé.»

D’ailleurs, sa motivation sportive était au plus haut point à son retour dans la piscine en mars 2015. Lors d’un marathon de natation organisé à l’école, il a même nagé 12 kilomètres en six heures.

«Je revenais de chimio, mais je voulais battre mon ancien record de six kilomètres, et j’en ai fait le double! dit le spécialist­e des longues distances. Mais à la fin, j’étais devenu jaune. La même couleur que la chimio», raconte-t-il en riant.

Depuis deux ans, l’adolescent continue ses traitement­s de façon orale. Tous les mardis, il prend 13 pilules.

«Faire du sport m’aide beaucoup à sortir la chimio de mon corps. Et plus vite ça sort, mieux c’est», dit le garçon.

« AU-DELÀ DES LIMITES »

Passionné de natation, l’adolescent n’a pas d’objectif précis dans sa discipline, mais il vise à s’améliorer tous les jours.

«Je veux toujours battre mes temps, nager au-delà de mes limites, dit-il. Je ne me compare pas aux autres.»

Par ailleurs, Charles-Henri ne croit pas que la maladie a changé ses rapports avec ses amis, et ne craint pas la mort.

Ses dernières doses de traitement sont prévues le 17 juin 2017.

«Je n’ai pas vraiment peur d’une rechute, confie-t-il. Je le prends bien, je suis capable de l’oublier (la maladie).»

Financière­ment, ce cancer a évidemment eu un impact sur la famille. Propriétai­res d’un restaurant, les parents se comptent toutefois chanceux.

«On a repoussé des projets, mais on était capable de se faire remplacer facilement pour les rendez-vous», dit le père Roger Bérubé.

Philosophe­s, les parents vivent aussi au jour le jour.

«On ne sait pas ce qui va arriver, on n’a aucune idée, avoue sa mère. L’important, c’est l’équilibre. Qu’il ait une belle vie et qu’il soit heureux.»

«D’autres sont décédés du cancer. D’une certaine façon, je suis chanceux dans ma malchance», conclut CharlesHen­ri.

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Atteint d’une leucémie aiguë lymphoblas­tique à haut risque de récidive depuis janvier 2014, Charles-Henri Bérubé cessera la chimiothér­apie le 17 juin prochain, si tout va bien. Inscrit en sport-étude en natation à Cowansvill­e, le jeune homme de 16 ans...
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