Le Journal de Montreal

Le danger latent d’avoir une jeune fille douce et soumise

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Hier, « Mère désespérée » vous racontait qu’ayant jadis lu « Ma mère mon miroir » de Nancy Friday, elle se croyait immunisée contre les erreurs si elle donnerait naissance à une fille. Mais malheureus­ement, elle s’était retrouvée devant la terrible obligation de faire un signalemen­t de sa fille si douce et gentille jusqu’à l’âge de 15 ans, pour qu’elle soit placée en centre jeunesse. Comment, après avoir été une aussi bonne mère, pouvait-elle hériter soudain d’une telle fugueuse?

Ce qui me frappe c’est quand la mère dit « Petite, je n’avais jamais eu à élever le ton avec ma fille. Un simple regard de ma part la retenait de faire des bêtises. » Qu’estce que cela veut dire? À vue de nez comme ça, votre fille est plus sensible et probableme­nt plus intelligen­te que la moyenne. Durant son enfance, elle savait très bien ce qui vous faisait plaisir et ce que vous vouliez entendre, et elle vous le donnait.

Devant l’absence d’un père dans sa vie, elle ne pouvait se permettre de perdre aussi sa mère. Donc elle s’est écrasée devant vous, disant « oui » même quand elle pensait « non » Et comme tout bon presto qui se respecte, après des années à avoir le cul sur le feu et pas de soupape, elle a explosé. Voilà le résultat de votre dynamique à deux. Oubliez la responsabi­lité des amis de votre fille dans son attitude actuelle, ils n’y sont pour rien.

Si vous désirez nouer une bonne relation avec votre fille, il va falloir abandonner l’idée d’une relation dominant/dominé avec elle. Elle s’est soumise trop longtemps et elle n’est plus capable. Il faut abandonner l’idée d’une « petite fille douce et soumise » pour aborder une relation d’égal à égal avec elle. Jusqu’à quel point êtes-vous capable de vous taire pour écouter son point de vue et accepter qu’elle fasse les choses à sa façon? Est-elle née pour que vous puissiez montrer à l’univers entier que vous êtes la meilleure des mères? Êtes-vous capable d’être juste, une bonne mère ordinaire? Lire Françoise Dolto vous aiderait. Anonyme

Vous avez le jugement facile à l’endroit de cette mère et vous lui prêtez des intentions qui n’ont rien à voir avec le descriptif qu’elle faisait de sa situation. De plus vous faites l’impasse sur l’influence très importante pour un adolescent, de ce qu’on appelle en anglais « le peer group », soit les pairs. Dire que cette influence n’existe pas, c’est nier un fait officielle­ment reconnu en psychologi­e.

Vous avez raison de proposer l’abandon de toute velléité d’autoritari­sme. J’irais même jusqu’à dire qu’elle doit développer au maximum les principes de l’écoute active pour cheminer avec sa fille et l’emmener à prendre ses propres décisions de façon éclairée. Mais je m’oppose à toute idée de relation d’égal à égal entre une mère et son enfant. Une mère doit rester une mère, sans aucune notion de supériorit­é, mais dans le respect de la place que chacun doit occuper dans la vie de l’autre vu son rang.

Toute erreur mérite d’être comprise

Votre chronique d’aujourd’hui m’a profondéme­nt remué. Vous répondiez à une femme qui décrivait sa vie de couple en lambeaux suite à la découverte que son mari la trompait. Elle ressentait une « colère », compréhens­ible dans semblables circonstan­ces, et vous tentiez de l’emmener sur le chemin du pardon, seule avenue pour ne pas détruire à jamais sa famille. Ayant été, à la fois coupable et victime d’une tromperie, j’affirme que pardon et respect sont les seules avenues pour passer au travers de ça. C.

Le respect de l’autre doit être présent en tout temps dans le couple. Quant à la capacité de pardon, aussi valable pour celui qui l’accorde que celui qui en bénéficie, il constitue le ferment d’une union solide à long terme.

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