Le loup plutôt que le caribou ?
Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, a récemment annoncé qu’il souhaitait permettre la chasse au loup pour relancer le Grand Nord, à la suite de la décision de son ministère d’interdire la chasse au caribou dès 2018.
La proposition semble louable à première vue, puisque s’attaquer au principal prédateur du caribou pourrait aider le troupeau en décroissance.
Mais le projet n’est en réalité pas très réaliste, selon le spécialiste de la chasse au loup Mario Bilodeau, de la pourvoirie Gérald Bonneau et de Bilodeau Canada.
Selon lui, c’est rêver en couleur de penser que la chasse au caribou pourrait être remplacée par la chasse du loup.
PAS FACILE
À première vue, il semble en effet y avoir plusieurs irritants à chasser le loup au détriment du caribou.
Bien entendu, le chasseur de loup ne pourra manger les fruits de sa chasse.
Il sera aussi très chanceux s’il récolte une bête rapidement, selon M. Bilodeau.
«La chasse au loup n’est pas facile, loin de là», avise ce spécialiste de la forêt, dont le territoire s’étend de Roberval au 50e parallèle, puis de la rivière Mistassini à la rivière Ashuapmushuan.
«Et elle est encore plus difficile si on retrouve des caribous à proximité, car les loups vont s’affairer à suivre le troupeau et vont ignorer les appâts que nous leur offrons.
«Pour ma part, j’avise mes clients qu’ils devront investir un minimum de 40 à 60 heures pour avoir une chance d’en intercepter un...», raconte M. Bilodeau.
COMMENT IL PROCÈDE
Les loups sont des canidés intelligents qui occupent des territoires de 100 km² en moyenne et qui prennent de huit à 10 jours pour faire le tour de leur royaume.
«S’il est en meute, il sera continuellement en mouvement et il demeurera rarement plus d’une journée dans un même secteur. S’il est seul, il pourra rester jusqu’à 72 heures dans un endroit qui lui semble invitant», poursuit M. Bilodeau.
«Mais qu’il soit seul ou en meute, s’il détecte la présence de l’homme, il va déguerpir à toute allure.
«Ce n’est donc pas évident d’en voir un...»
M. Bilodeau demande donc à ses chasseurs de passer inaperçus en se blottissant dans de vieilles caches.
Il favorise aussi les endroits qui leur permettent de voir les loups arriver de loin, comme les bûchers ou la rive des cours d’eau.
À la lumière des propos de ce spécialiste de la forêt, on comprendra que les chasseurs de loup seront chanceux de récolter une bête.
Et que le souhait du ministre Blanchette semble effectivement n’être qu’une utopie...
Le poids moyen des loups récoltés varie de 25 à 32 kilos. Les plus gros spécimens peuvent atteindre 40 kilos.
Il ne faut qu’un simple permis de petit gibier pour chasser le loup.
M. Bilodeau est aussi taxidermiste. Il conserve des parties des dépouilles d’orignaux qu’il naturalise et de castors qu’il dénude, et il s’en sert pour appâter ses sites de chasse.
Pour en savoir plus, visitez le site web www.bilodeaucanada.com ou composez le (418) 274-2511.