Piloter avec ses fesses
Lance Stroll n’a pas complété le Grand Prix d’Australie. Mais ça n’a pas vraiment d’importance. L’important, c’était qu’il démontre qu’il a sa place aux côtés des Fernando Alonzo, Sebastian Vettel et tous les autres qui gagnent 30 millions par année pour piloter une Formule 1.
Stroll a connu un très bon départ, a bloqué les freins en tentant d’être audacieux et a payé le prix 40 tours plus tard. Ça fait partie de l’apprentissage. Mais il a montré qu’il a du talent.
Toutes les comparaisons avec Jacques Villeneuve sont boiteuses. Villeneuve venait de remporter le championnat en CART à l’époque où la Formule Indy était l’autre série majeure dans le monde. Jacques avait 24 ans, il avait gagné les 500 Milles d’Indianapolis et était un pilote aguerri quand il a signé un contrat avec Frank Williams.
En plus, les règlements de l’époque lui permettaient de se taper des milliers de kilomètres au compteur avant même le départ du premier Grand Prix à Melbourne.
SENSIBILITÉ AUX VIBRATIONS
J’ai passé des heures à jaser avec Villeneuve, Christian Tortora et Jock Clear, son ingénieur pendant mes années de Formule 1. Certains points ont changé, l’évolution de l’informatique a bouleversé les données mais n’en reste pas moins qu’un pilote de Formule 1 doit apprendre à piloter «avec son cul» s’il veut devenir un grand. Ça veut dire qu’il doit être capable de sentir avec tout son corps les vibrations et les tensions d’une voiture quand elle est soumise à des vitesses et des forces G importantes.
Ensuite, le pilote doit pouvoir expliquer en des mots clairs toutes les sensations subies et recueillies en piste. Que ce soit aux essais, en qualifs ou en course.
Lance Stroll va apprendre ce langage. Son cerveau va apprendre à décoder ce que ses fesses vont ressentir. Ça va prendre plusieurs courses mais il n’a que 18 ans.
Et à 18 ans, ne vous inquiétez pas, on a la peau des fesses sensibles à souhait.
Dans le calepin | Marc Lajoie, de Prévost, vient d’être élu vice-président de l’association nationale du jeu de poches. Je vous jure, c’est pas une farce. Par ailleurs, j’offre mes sympathies à Mireille Deyglun, qui pleure sa mère, la grande Janine Sutto. On me permettra ces quelques lignes puisque tant Mireille que Mme Sutto ont joué dans plusieurs des séries que j’ai écrites au cours des ans. J’ai toujours été bien servi par leur immense talent.