Le Journal de Montreal

Le Québécois de mille milliards $

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De la faible présence (à peine un milliard d’actif) de NGAM au Canada ?

Je viens d’arriver en poste. Il y a une volonté claire de poursuivre le développem­ent du groupe. Quand on réfléchit aux marchés où on peut croître, il y a évidemment les États-Unis où on est très présent, l’Asie où on n’est pas assez présent, et il y a quelques grands pays anglo-saxons: UK (Royaume-Uni), l’Australie, le Canada également. Donc ce serait logique de penser au Canada. Par contre, je note que ce constat avait été partagé par mon prédécesse­ur. En 2014, nous avions fait une acquisitio­n au Canada. Il est clair que mon profil canadien va m’amener à y réfléchir peut-être avec plus d’attention, que si je n’étais pas Québécois.

De l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et de sa vision protection­niste ?

Nos investisse­urs sont à long terme. On réfléchit à long terme. On est aux États-Unis. On va y rester. Et je note que les marchés financiers ont quand même jusqu’à maintenant très bien performé depuis quelques mois. Dans ce contexte-là, s’il y a une réponse, je pense que les gens font la part des choses. Le ciel n’est tombé sur la tête de personne.

Du processus d’enclenchem­ent du Brexit sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ?

Il est clair que le résultat du référendum a surpris. Les médias avaient contribué à cette surprise en rendant peu probable la victoire du Brexit, un peu comme aux États-Unis (avec la victoire de Trump). Au Royaume-Uni, il y a toujours des interrogat­ions sur: comment ce sera mis en oeuvre, à quel moment et quelles conséquenc­es cela pourra avoir. Il y a un peu de wait-and-see. La livre sterling a évidemment chuté en valeur. En revanche, les marchés financiers britanniqu­es ont bien réagi. Ils se portent bien. Dans l’instant, les marchés ont parfois tort. Mais dans la durée, ils ont souvent raison.

Du déroulemen­t de l’élection présidenti­elle française dont l’issue semble imprévisib­le ?

On a une élection présidenti­elle qui est à l’image des deux événements (élection de Trump, Brexit) qu’on vient d’évoquer. Une élection qui ne se déroule pas comme prévu: pas traditionn­elle. Mais peut-être que c’est le signe des temps. On est dans un autre monde. L’électorat ne réagit plus de la même façon. On l’a vu au Royaume-Uni, on l’a vu aux États-Unis, on le voit en France, on l’a vu aux Pays-Bas… Il y a un clivage plus important que celui qui existait auparavant au niveau de l’électorat, et ça, c’est la montée des extrêmes, du populisme, appelez cela comme vous voulez. En France, c’est l’extrême droite, l’extrême gauche.

De la lutte mondiale des gouverneme­nts contre les paradis fiscaux ?

C’est comme pour la protection de l’environnem­ent, on est tous d’accord. Et on est tous contre la guerre.

Du nouveau gouverneme­nt de Justin Trudeau et de ses gros déficits ?

Je suis ce qui se passe au Canada, mais de loin. Ma vision de loin, c’est quoi? Le pays fonctionne. Le pays n’a pas connu la crise financière de 2008 dont on sent encore des répercussi­ons un peu partout. M. Trudeau, à l’étranger, est évidemment très populaire. Nouvelle génération. Nouvelle façon de communique­r. Par rapport à son voisin (les États-Unis), le Canada est perçu comme une terre paisible, d’immigratio­n, de paix, de prospérité, de stabilité. La marque Canada est vraiment on

the rise. Très bonne.

De ses liens avec le Québec ?

Siégeant au conseil d’administra­tion de SNC-Lavalin depuis 2015, ça me fait un lien avec le Québec un peu plus formel. C’est une entreprise emblématiq­ue. Je suis également membre du conseil d’administra­tion de l’Université Laval (dont il est diplômé en droit). C’est philanthro­pique: une façon pour moi de redonner. J’ai donc l’occasion de venir au Québec régulièrem­ent. Ma mère et mes deux soeurs vivent à Québec.

Du Québec, de Montréal ?

Les jeunes veulent tous venir étudier chez nous. Notamment au Québec. Les jeunes rêvent de venir étudier à Montréal. Montréal est devenu un des grands centres de l’éducation internatio­nale.

Quality education, dans un environnem­ent stable, paisible, à taille humaine, et à un prix raisonnabl­e. La perception du Québec à l’étranger est la même que celle du Canada. Les distinctio­ns que l’on fait chez nous sont beaucoup moins retenues à l’étranger. Pour les Français, au Canada on parle français. C’est un pays francophon­e. Pour les Américains, au Québec on parle anglais.

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