Le Journal de Montreal

Un bruit imaginaire lui coûte 5200 $

- STÉPHAN DUSSAULT

Une Montréalai­se qui a embêté ses copropriét­aires pendant plus de six ans pour des bruits qu’elle seule entendait vient d’être condamnée à leur verser 5200 $ pour ses crises d’hystérie.

C’est bien beau entendre des bruits, mais il faut des preuves avant d’accuser les copropriét­aires d’en haut. Et surtout, ça ne justifie pas de hurler à toute heure du jour et de la nuit pour exiger que cesse ce bruit que personne d’autre qu’elle n’entend, vient de conclure la juge Jo Ann Zaor. La magistrate a condamné France Bouchard à verser un total de 5200 $ aux copropriét­aires qui, exaspérés par ses crises, l’ont envoyée en cour.

BRUITS BIZARRES

Dès 2009, la femme dit qu’elle entend des bruits bizarres dans le condo du haut du triplex de la rue Teck, dans l’est de Montréal.

La situation dégénère très rapidement avec ses voisins. Elle en parle à sa copropriét­aire qui habite au-dessous, Louise Lecavalier, mais celle-ci dit ne rien entendre, même après être passée plusieurs fois chez Mme Bouchard. Cette dernière continue de multiplier les plaintes contre ses voisins d’en haut.

De 2009 à 2015, elle hurle en guise de représaill­es, monte le son de sa télé au maximum, ferme violemment la porte-fenêtre, appelle la police, fait venir la Ville, rien n’y fait.

DES BONS À RIEN

À ses yeux, même les experts sont des bons à rien. En 2014, une inspectric­e de l’arrondisse­ment de Mercier–Hochelaga-Maisonneuv­e passe pour évaluer la situation à la suite d’une plainte.

«J’entends effectivem­ent un bruit, écrit-elle dans son rapport. Celui-ci provient du réfrigérat­eur de la dame, vieux réfrigérat­eur de 32 ans. Il est possible que le bruit soit plus fort à l’occasion. La plaignante est sceptique et ne me croit pas que c’est son réfrigérat­eur, malgré que son frère lui ait dit la même chose.»

Un an plus tard, France Bouchard paie 1250 $ pour les services d’un acousticie­n qui, après une visite de trois heures, écrit n’avoir trouvé «aucun appareil chez [ses] voisins du haut et du bas qui justifie l’intrusion sonore [qu’elle subit]».

En 2015, elle paie 2115 $ pour un avocat. On ne sait pas si c’est lui qui conseille à la dame de se calmer, mais elle cesse d’être désagréabl­e en juin 2015, même si, selon elle, le bruit persiste toujours.

De toute évidence, son changement d’attitude n’a pas suffi aux yeux de la juge, qui retient que les voisins ont été importunés pendant plus de six ans. Surtout qu’ils cherchaien­t réellement à aider la dame, constate-t-elle.

La juge conclut à un «abus de voisinage» et condamne la dame à verser 1200 $ à sa voisine du bas et 4000 $ au couple du haut.

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