Le Journal de Montreal

Le double emploi peu populaire

Une faible proportion d’agents et d’officiers occupent un travail d’appoint

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE ET STÉPHANE ALARIE Le Journal de Montréal

Le phénomène du double emploi chez les policiers sur lequel songe à se pencher le ministre Coiteux semble relativeme­nt peu répandu, selon des données obtenues par le Journal.

Au sein des deux plus grands corps policiers de la province, la Sûreté du Québec (SQ) et le Service de police de Montréal (SPVM), environ 3 % seulement des agents et officiers ont rapporté détenir un deuxième emploi.

Ceux-ci ont l’obligation de dévoiler qu’ils ont une seconde source de revenu, en vertu de la Loi sur la police. Une organisati­on peut alors intervenir si on juge cet emploi incompatib­le avec le rôle d’un policier.

Toutefois, selon nos recherches, les emplois secondaire­s déclarés par des policiers gravitent surtout autour de l’enseigneme­nt, du sport ou de l’immobilier.

ARBITRE ET JUGE

Sans surprise, plusieurs policiers et gradés agissent ainsi comme enseignant à l’École nationale de police ou dans des cégeps et université­s.

Et compte tenu de la nature physique de leur tâche, on ne s’étonnera pas non plus que certains d’entre eux dénichent de petits boulots à temps partiel liés à leur intérêt pour la pratique sportive.

Par exemple, plusieurs policiers ont déclaré être entraîneur, arbitre au hockey ou encore moniteur de ski. Un gradé de la SQ agit aussi comme juge vidéo pour la Ligue de hockey junior majeur.

UN COURTIER CONTROVERS­É

La propriété d’immeubles est aussi souvent mentionnée comme source d’un revenu d’appoint par des policiers.

Le phénomène du double emploi a d’ailleurs été ramené à l’avant-plan lorsqu’on a appris que l’officier de la SQ responsabl­e des opérations lors du cafouillag­e qui a forcé des centaines d’automobili­stes enlisés à passer la nuit sur l’autoroute 13 exerçait aussi le métier de courtier immobilier.

Également propriétai­re de plusieurs immeubles à revenu, le capitaine Michel Lapointe se trouvait chez le notaire sur son temps de travail alors que la crise se préparait, a révélé La Presse cette semaine. Il a été relevé de ses fonctions pendant l’enquête.

Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique avait réagi fortement, notamment en envisagean­t l’interdicti­on du double emploi pour les cadres de la SQ.

La police provincial­e était justement à mettre en place un comité sur le double emploi lorsqu’est survenu le cafouillag­e de la 13.

«Ce comité procédera à une analyse approfondi­e des doubles emplois qui pourraient être problémati­ques et à une analyse systématiq­ue pour les officiers», a expliqué le capitaine Guy Lapointe.

POUR UN DUPLEX

Ce comité évaluera notamment comment faire la part des choses entre un policier qui loue l’appartemen­t du haut de son duplex et un autre qui possède un parc immobilier comptant plusieurs logis.

Au SPVM, on dit aussi surveiller la chose de près. « On a des mécanismes en place pour suivre nos gens et s’assurer qu’ils ne se ramassent pas dans des situations qui ne sont pas souhaitabl­es», a indiqué le directeur adjoint Didier Deramond.

IMPLICATIO­N SOCIALE

Un policier qui est arbitre au hockey craint qu’on ne pénalise tous les agents à la suite du faux pas de l’officier de la SQ. «Si un gars performe dans sa job de police, pourquoi l’empêcher d’avoir un autre emploi ?», déplore-t-il

«Les policiers qui ont un sideline ne le font pas toujours pour l’argent. Personnell­ement, je le fais pour m’impliquer dans la société. Pour m’accomplir davantage au niveau personnel», dit l’agent qui a demandé qu’on taise son identité.

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