Le Journal de Montreal

Fini l’utilisatio­n des menés vivants

La pêche blanche pourrait être compromise

- Caroline lepage

L’interdicti­on d’utiliser des menés vivants pour pêcher l’hiver qui entre en vigueur dès aujourd’hui marque la fin d’une tradition et pourrait compromett­re la pêche blanche au Québec.

Il ne s’agit pas d’un poisson d’avril et les gens qui vivent de l’industrie de la pêche ne la trouvent pas drôle.

Plusieurs pêcheurs commerciau­x et les détaillant­s de menés sont convaincus que cette interdicti­on tuera la pêche blanche récréative.

«Il va juste rester les vrais, les pêcheurs expériment­és», croit Roger Gladu, qui exploite une pourvoirie près des îles de Berthier.

Il faut plus d’agilité pour pêcher avec des menés morts, des asticots ou autres appâts, contrairem­ent aux menés vivants qui attirent naturellem­ent le poisson.

Québec justifie sa décision d’interdire la pêche avec des poissons-appâts vivants en disant que c’est pour éviter la propagatio­n d’espèces envahissan­tes.

FERMETURES À VENIR

Sans menés vivants, les familles ont tendance à abandonner la pêche blanche.

«Si elles n’attrapent rien, elles vont trouver autre chose à faire. Elles se désintéres­sent», remarque Jonathan Rondeau, un important grossiste de menés au Québec.

Pour M. Gladu, la vente de menés et les droits d’accès à sa pourvoirie représente­nt 50 % de son chiffre d’affaires, l’hiver. Ces revenus lui permettent d’entretenir ses 21 kilomètres de sentier.

«Si rien ne change, je vais fermer l’hiver prochain», dit-il.

M. Rondeau ne croit pas non plus qu’il survivra.

«En 2012, quand les menés vivants ont été interdits l’été, mon chiffre d’affaires a chuté de 85 %. Ça va être la même réalité», déplore-t-il.

L’EXEMPLE DE L’ESTRIE

M. Rondeau se souvient des quelque 700 cabanes de pêche installées sur le lac Memphrémag­og, dans les années 1990.

«Quand l’utilisatio­n des menés vivants a été interdite dans cette région, il n’y avait plus rien l’hiver suivant. C’est minime ce qui reste», partage Gilles Sévigny, qui vend des poissons-appâts vivants depuis 60 ans.

Jean Longpré, propriétai­re des Excursions l’air du lac, est aujourd’hui seul à exploiter quelques cabanes sur le lac Memphrémag­og. S’il constate un engouement, c’est parce qu’il mise sur leur confort et la beauté du décor.

Il aimerait pouvoir utiliser les menés vivants comme ceux qui pêchent du côté américain du lac Memphrégag­og.

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Le pêcheur commercial du Haut-Richelieu, Jonathan Rondeau, craint de devoir mettre la clé dans la porte de son entreprise qui lui permet de nourrir sa famille.

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