Le Journal de Montreal

Un policier qui a tiré sur un ado n’avait pas à le faire, selon la Couronne

- ISABELLE HOULE

SAINT-JÉRÔME | Le sergent de la Sûreté du Québec qui a atteint mortelleme­nt un ado de 17 ans à SainteAdèl­e en janvier 2014 était à côté de la voiture conduite par l’adolescent et non devant, a plaidé l’avocate de la Couronne.

Ce fait est important puisque le sergent Éric Deslaurier­s s’est défendu lors de son procès pour homicide involontai­re qui se tenait cette semaine en disant qu’il craignait pour sa vie parce que la voiture volée conduite par David Lacour fonçait sur lui.

Or, le policier a tiré deux fois sur la victime. Le premier coup de feu a été tiré de face et a atteint David Lacour au coude. Mais le coup mortel au cou de la victime a été tiré alors que la voiture passait à côté du policier. Il ne représenta­it donc plus un risque pour le sergent, a plaidé la Couronne.

«C’était inutile de tirer dans les circonstan­ces. Il (Deslaurier­s) n’a pas été frappé. S’il a eu le temps de tirer deux fois, il aurait eu le temps de faire deux pas de côté pour laisser fuir le jeune», a affirmé hier l’avocate de la Couronne, Me Julie Laborde.

Me Laborde questionne également l’urgence de sortir son arme.

«Le jeune a rincé son moteur en réaction à la main du policier sur l’arme à feu. Il (Deslaurier­s) n’a jamais ajusté son interventi­on. Il n’a pas donné les motifs de son intercepti­on, pourtant il sait que le jeune l’entend.»

LÉGITIME DÉFENSE

Nadine Touma, avocate de la défense, a quant à elle rappelé le témoignage de l’expert en emploi de la force, Bruno Poulin, qui soutient qu’Éric Deslaurier­s aurait bien agi dans le contexte.

«Il y a urgence d’agir quand le véhicule Mazda fonce sur le policier […] Le conducteur ne peut pas fuir, la voie est bloquée. Il (Deslaurier­s) n’a pas pensé qu’il allait se faire foncer dessus. On ne pense pas que quelqu’un va faire une tentative de meurtre sur nous. Le policier a une seconde pour se faire une idée», lance-t-elle.

De son côté, la Couronne soutient que «la croyance du policier que le jeune lui fonçait dessus n’est pas raisonnabl­e. Il n’était pas nécessaire d’employer une force mortelle. C’était futile et inutile.»

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Éric deslaurier­s Accusé

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