L’HOMME DE 1200 MILLIARDS
Le Québécois Jean Raby est un des gestionnaires de fonds les plus en vue du milieu financier européen
«Nul n’est prophète en son pays». Chose certaine, cela fait belle lurette que le talent du banquier d’affaires Jean Raby est reconnu à l’étranger. Et cette reconnaissance internationale vient de le propulser à la tête de l’un des plus grands gestionnaires d’actifs sous gestion au monde, soit Natixis Global Asset Management (NGAM).
Natif de la ville de Québec, Jean Raby, 52 ans, a pris, en février dernier, la direction générale de la filiale NGAM, appartenant à la prestigieuse banque internationale de financement, d’assurance, de gestion et de services financiers du Groupe BPCE, deuxième acteur bancaire en France. Tout un exploit pour un Québécois qui vit à Paris depuis les années 1990 et qui va s’occuper des actifs de la 16e société de gestion de fonds d’investissement au monde. Il va gérer 840milliards d’euros d’actifs, soit 1200milliards canadiens.
QUATRE FOIS LA CAISSE
Ainsi, Jean Raby se retrouve à la tête d’une société de gestion d’actifs dont l’envergure financière est 4,4 fois plus importante que la Caisse de dépôt et placement du Québec. La question qui me vient naturellement en tête: avait-il été approché pour remplacer Henri-Paul Rousseau à la suite de la déconfiture de la Caisse en 2008? Son nom avait été mentionné dans les journaux comme candidat potentiel, mais sans plus. «Le chercheur de tête à l’époque ne m’a jamais contacté.»
C’est peut-être une erreur, lui dis-je. «Oh non! Monsieur Sabia fait un sacré bon boulot», ajoute-til, en parlant du grand patron de la Caisse, Michael Sabia.
Cela dit, Jean Raby n’a jamais eu peur de relever les défis qu’il a enfilés au fil de sa carrière. Au départ, il faut dire qu’il est bien outillé en terme de formation: licence en droit de l’Université Laval, maîtrise en relations internationales de la Cambridge University et maîtrise en droit de la Harvard Law School.
AU HASARD DE LA VIE
Mais pourquoi toute une carrière à l’étranger? «C’est le hasard de la vie. Il y avait une volonté… quand j’étudiais à l’étranger. À Harvard, j’ai vraiment décidé: si je peux me trouver un poste avec un grand cabinet new-yorkais, eh bien j’aimerais commencer ma carrière à New York, et puis revenir ensuite au Canada.»
Après avoir été admis au barreau de New York, il réalisa son premier rêve en devenant avocat chez Sullivan & Cromwell, de New York. Et trois ans plus tard, en 1992, le cabinet d’avocat lui offrait l’opportunité d’aller travailler à son bureau de Paris. Et il est resté à Paris depuis ce temps-là. Cela fait maintenant 25 ans.
Le «hasard de la vie» a fait en sorte qu’il a changé carrément de carrière en 1996. Il s’est fait embaucher par Goldman Sachs à Paris.
Puis il y a fait carrière pendant 16ans, en y enfilant divers chapeaux, dont celui de management
director, de codirecteur général des activités de la banque d’affaires en France et Belgique, responsable du bureau de Moscou…
Après sa longue carrière (de conseil, financement corporatif, fusion et acquisition) à la célèbre banque d’affaires américaine, le «hasard de la vie» lui a fait vivre de nouveaux défis.
Après son passage d’un an comme associé de la société d’investissement Aleph Capital Partners de Londres, il est devenu directeur financier et juridique d’Alcatel Lucent. Après avoir collaboré à redresser la situation financière de la multinationale française des télécoms, Nokia en a fait l’acquisition en septembre 2013.
Par la suite, il devint directeur financier de SFR Group, un câblo-opérateur français.
LE DÉFI
Et le voilà maintenant à la tête de NGAM et de ses 3700employés répartis dans le monde.
Et d’une cagnotte de 1200milliards d’actifs à faire fructifier en pleine période de turbulence politique et de sommets boursiers historiques.