Le Journal de Montreal

Toxiques, les libéraux ?

- MARIO DUMONT Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com @mariodumon­t

J’écrivais récemment que Jean-François Lisée fait une erreur de calcul en multiplian­t les pirouettes pour se coller à Québec solidaire. Je ne crois pas à ce projet de convergenc­e. J’ai plutôt l’impression que la multiplica­tion des soupers en tête-à-tête avec QS donnerait au PQ l’image d’un parti inquiétant à porter au pouvoir.

Ces semaines-ci, le moral des péquistes descend au rythme où Gabriel Nadeau-Dubois monte dans les sondages. Les péquistes se questionne­nt, et avec raison. Je commence à penser que leur chef a commis une autre erreur de calcul.

UNIS POUR S’EN DÉBARRASSE­R ?

Sa stratégie est basée sur le scénario d’un gouverneme­nt libéral «toxique». C’est monsieur Lisée lui-même qui utilisait l’expression, l’automne dernier, pour décrire l’équipe Couillard. Toxique! Un gros mot qui s’applique à un gouverneme­nt dont la masse des gens souhaitera­it viscéralem­ent se débarrasse­r.

Un gouverneme­nt corrompu, déconnecté des besoins des gens, qui cause la souffrance par ses coupes et qui renie notre identité. Voilà, dessiné à gros traits, comment le chef du PQ aurait aimé présenter ce gouverneme­nt libéral, dit toxique, aux électeurs à l’automne 2018. Un tel régime exige que les forces de changement s’unissent pour en débarrasse­r la nation de toute urgence.

Dans cet élan de survie d’un peuple sur le point de mourir de la toxicité de son gouverneme­nt, les partis politiques et les électeurs sont appelés à poser des gestes hors du commun. Québec solidaire devrait alors faire des compromis amenant la convergenc­e. Une partie des électeurs qui aiment la CAQ se rallieraie­nt soudaineme­nt au PQ dans l’effort national pour battre les libéraux. Comme l’ont fait les néo-démocrates qui ont voté Trudeau dans le but de déloger Harper.

BUDGET VALABLE

À la lumière du budget déposé cette semaine, il est loin d’être clair que le Parti libéral paraîtra si toxique en 2018. Les finances sont en ordre. On remet de l’argent dans les services. On place l’éducation en priorité, ce qui fait consensus dans tous les partis.

Philippe Couillard et son équipe ne deviendron­t pas du jour au lendemain l’équipe du tonnerre qui inspire et amorce une nouvelle ère historique. On pourra peut-être les faire passer pour un groupe de politicien­s traditionn­els ternes qui gèrent à la petite semaine. Pour un ramassis de quelques têtes fortes, quelques comptables valables et quelques incompéten­ts que les circonstan­ces ont portés au pouvoir.

Mais un gouverneme­nt toxique? Pas sûr du tout. Il reste à monsieur Lisée à croiser les doigts en espérant que l’UPAC trouve un scandale qui renvoie les libéraux dans les marécages toxiques de la corruption. Position attentiste.

Dans l’hypothèse où l’image du gouverneme­nt toxique ne colle pas, le grand ralliement au Parti québécois dans une opération de sauvetage ne tient plus. Les électeurs voteront PQ uniquement si le PQ représente réellement un meilleur choix.

C’est là-dessus que Jean-François Lisée doit travailler nuit et jour. Offrir mieux. Nous présenter l’identité d’un PQ au pouvoir dans un mandat sans référendum. Que serait son «bon gouverneme­nt»? Qu’est-ce qu’il ferait de mieux pour nous?

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 ??  ?? Jean-François Lisée doit faire la démonstrat­ion qu’un gouverneme­nt dirigé par le Parti québécois est un meilleur choix que les libéraux.
Jean-François Lisée doit faire la démonstrat­ion qu’un gouverneme­nt dirigé par le Parti québécois est un meilleur choix que les libéraux.

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