Le Journal de Montreal

Une propositio­n de consommate­ur pour éponger 156 000 $ de dettes

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Originaire­s de Croatie et installés au Québec depuis 2011, Anton Gregov et sa femme Maria croulent sous les dettes. Les coupables: un restaurant non rentable vendu à perte et un problème de jeu compulsif.

Dans l’espoir de trouver un avenir meilleur, Anton Gregov et sa conjointe ont posé leurs valises dans la région de Montréal il y a six ans. Leur fils de 17 ans, atteint de dystrophie musculaire, requiert des soins constants, et sa mère doit rester auprès de lui, ne pouvant occuper un emploi.

DIVERS FACTEURS

Anton a travaillé fort pour faire vivre sa famille et se tailler une place dans la société québécoise. Avec deux associés, il a d’ailleurs ouvert un restaurant sur la Rive-Sud peu après son arrivée. «Malheureus­ement, l’affaire ne s’est pas avérée rentable et ils ont dû se résoudre à vendre les actifs de l’entreprise à une somme inférieure aux dettes accumulées pendant que le commerce était en opération», indique Éric Lebel, associé chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Le restaurant ne générant pas de bénéfices, incapable de se verser un salaire, Anton a dû utiliser ses cartes de crédit pour subvenir aux besoins des siens. À cela s’est ajouté un problème de jeu compulsif qui a grevé encore davantage les finances du couple. Résultat: une dette accumulée de 156 000 $.

Aujourd’hui, Anton occupe un emploi de cuisinier salarié et gagne 4873 $ par mois, ce qui lui a permis de stabiliser ses rentrées d’argent. Il a également pris en main son problème de jeu compulsif et assiste aux rencontres hebdomadai­res de Gamblers Anonymes.

DEUX OPTIONS, UNE SEULE ISSUE

«Cependant, le peu d’actifs qu’il détient et son revenu actuel ne lui permettron­t pas de venir à bout de ses dettes. Sa femme et lui espèrent aussi ne pas avoir à vendre leur maison, pour préserver le fragile équilibre de leur fils. Il fallait donc trouver une solution…», explique Éric Lebel.

Dans une situation comme celle-ci, la première chose à faire est d’effectuer un bilan des dettes et des revenus. «Une fois que l’on ôte les dépenses mensuelles – logement, alimentati­on, transport, etc. – du salaire d’Anton, il est encore possible de dégager 500 $ par mois», indique M. Lebel. Cette somme pourra donc être versée aux créanciers, mais est loin d’être suffisante pour éponger ses dettes.

La première solution serait de faire faillite, ce qui entraînera­it la vente de la propriété. La part d’Anton sur l’équité disponible ne représente toutefois que 50 % des 40 000 $ qui ont déjà été payés sur le prêt hypothécai­re de 230 000 $. Par ailleurs, le couple veut à tout prix conserver sa maison pour le bien-être de son fils.

«L’autre option est la propositio­n de consommate­ur. Elle est largement à l’avantage de créanciers qui pourront recevoir, à terme, la somme de 70 000 $ plutôt que 20 000 $ en cas de faillite», souligne Éric Lebel.

Voici comment il a procédé pour parvenir à ce résultat: en réhypothéq­uant la propriété, il est possible de dégager la somme de 40 000 $, la femme d’Anton ayant accepté d’ajouter sa part à celle de son mari (2 X 20 000 $). De plus, le couple s’est engagé à verser 60 paiements mensuels de 500 $, pour un total de 30 000 $.

SE SERRER LA CEINTURE

Certes, il faudra se serrer la ceinture pendant cinq ans, mais c’est la seule issue possible pour venir à bout d’un tel montant de dettes. «De plus, ils devront être rigoureux dans leurs versements mensuels. En cas de manquement à l’entente, la propositio­n de consommate­ur tombe à l’eau, et le couple reviendra à la case départ», prévient Éric Lebel.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada