Le Journal de Montreal

LE SORT S’ACHARNE SUR ELLE

Menacée d’expulsion après la mort de son conjoint

- Hugo Duchaine HDuchaineJ­DM

Sophie Thewys a vu sa demande de résidence permanente refusée parce qu’il lui manque la signature de Nicolas Faubert, décédé dans un accident la veille de Noël.

Une femme dont le conjoint est mort la veille de Noël écrasé par la voiture de sa propre mère se bat pour rester au Québec depuis que sa demande de résidence permanente a été refusée uniquement parce qu’il manque la signature de ce dernier.

Après avoir vécu le pire temps des Fêtes de sa vie, Sophie Thewys a reçu une lettre d’Immigratio­n Canada le 9janvier lui confirmant que sa demande de résidence permanente allait être acceptée.

Il ne manquait plus que la signature de son conjoint, Nicolas Faubert, qui s’était porté garant de Mme Thewys et de son fils de 18ans, qui sont arrivés ici en 2014. Le couple a également une fille de 6 ans.

Or, en raison du décès de son conjoint, des fonctionna­ires d’Immigratio­n Canada lui ont écrit qu’elle ne serait pas acceptée comme résidente permanente.

«C’est une aberration administra­tive, une erreur de jugement. Ça les a dépassés, car il n’y a pas de cas comme nous», affirme la voix étouffée Sophie Thewys, à Mont-Saint-Hilaire, qui voit ce refus comme un deuxième deuil.

«C’est comme si on voulait nous arracher tout ce qu’il nous reste. Ça me fait très peur, car on est encore marqués par la mort de Nicolas», confie la Belge de 43 ans.

Le soir du réveillon, Nicolas Faubert accueillai­t sa mère de- vant l’entrée de la maison, quand l’aînée a pesé sur l’accélérate­ur plutôt que le frein, l’écrasant mortelleme­nt.

PAS BESOIN D’ARGENT

Sophie Thewys assure qu’elle est financière­ment indépendan­te. Elle a même fait parvenir une copie du solde de son compte bancaire aux fonctionna­ires pour leur montrer qu’elle a les 24 000 $ requis pendant trois ans pour subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants, qu’exige le gouverneme­nt.

Elle vit aussi dans la maison que son conjoint de fait a léguée à sa fille de 6 ans en mourant subitement sans testament.

Le couple s’était rencontré il y a 10ans au Togo, en Afrique. Puis, il y a trois ans, ils ont fait le choix de s’installer au Québec.

«Nous voulons vivre là où Nicolas le voulait [...] et avoir une vie normale», déplore-t-elle. Sans la carte de résident permanent, son fils ne peut pas avoir son permis de conduire, par exemple.

Elle compte aussi réaliser le rêve de son conjoint, qui souhaitait changer un lopin de terre à Saint-Damien en havre de relaxation avec des chalets à louer.

PÉTITION

Pour faire changer d’idée Immigratio­n Canada, des amis ont lancé une pétition sur le site internet du Parlement. Elle a recueilli plus de 1000 signatures en une semaine.

«Mon fils et moi pleurons chaque fois qu’on voit les signatures s’ajouter. J’aime le peuple québécois, qui est très généreux», lance-t-elle.

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 ??  ?? Sophie Thewys, posée avec son fils Louis Pollack, veut continuer de vivre à MontSaint-Hilaire malgré la mort de son conjoint — qui était aussi son parrain d’immigratio­n — dans un accident la veille de Noël.
Sophie Thewys, posée avec son fils Louis Pollack, veut continuer de vivre à MontSaint-Hilaire malgré la mort de son conjoint — qui était aussi son parrain d’immigratio­n — dans un accident la veille de Noël.
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NICOLAS FAUBERT Décédé

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