«C’ÉTAIT COMME UNE CHASSE AUX SORCIÈRES»
La professeure en psychologie de l’Université du NouveauBrunswick Carmen Poulin s’intéresse au traitement fait aux homosexuels par l’armée depuis 1997. Elle a fait plus de 100 entrevues avec des homosexuels qui ont été expulsés de l’armée. Sur quelle base l’armée s’appuyait-elle pour cibler des militaires en lien avec le règlement CFAO 19-20?
Être soupçonné d’être homosexuel était suffisant pour se faire mettre à la porte. Par exemple, si une femme jouait au ballon-balai, elle était automatiquement suspecte. Après, ils les épiaient. Ils étaient espionnés, traqués. En plus de traumatiser les militaires, on traumatisait leur famille, leur conjoint ou conjointe. On les suivait, c’était une chasse aux sorcières. C’est comme ça que ça s’est passé au Canada et ça ne fait pas des centaines d’années, on en sort à peine.
Quel genre de traitement l’Unité des enquêtes spéciales faisaitelle subir aux militaires soupçonnés?
C’est une situation qui était intolérable. Ils ont été soumis à un traitement très difficile. Les interrogatoires qui ont eu lieu fin 70 et 80, c’était comme dans les films. On pointait des lumières sur eux, on les enfermait pendant des jours parfois et les militaires ne savaient pas où ils se trouvaient. C’était des questions vraiment abominables, pendant des heures, c’était très insidieux.
Qu’est-ce qu’il faut retenir de cet épisode ?
C’est une histoire triste parce que c’est des gens qui voulaient servir leur pays de façon patriotique et, de se faire dire qu’ils étaient dangereux pour la sécurité du pays, c’est d’un ridicule épouvantable. C’est une période de notre histoire qui est très triste, mais dont il faut se souvenir pour éviter de répéter ce genre d’erreur.