Le Bloc s’attaque à l’image des groupes criminels
Le parti déposera un projet de loi aujourd’hui
OTTAWA | Le Bloc québécois doit déposer aujourd’hui un projet de loi qui s’en prend à l’image des groupes criminels tels que les Hells Angels, ainsi qu’à leur recours à l’intimidation.
«On va s’attaquer aux activités des organisations criminelles, notamment à l’intimidation que peuvent exercer ces groupes-là sur la population. On va s’attaquer à cette tendance à valoriser les activités des groupes criminels [...] à l’image des groupes criminels», a indiqué hier le député Rhéal Fortin.
L’élu n’a pas souhaité entrer dans les détails de son projet de loi avant qu’il ne soit officiellement déposé devant la Chambre des communes cet après-midi.
« PATCHS » VISÉES ?
Il semble toutefois envisageable que le projet puisse interdire le fait de s’afficher en tant que membre d’un groupe criminalisé, une idée plusieurs fois soulevée qui empêcherait les Hells de porter leurs «patchs» en public.
Si le projet de loi ne vise pas seulement les Hells Angels, il tombe à point puisque ce groupe de motards criminalisé prépare son retour en force au Québec.
«On voit qu’il y a une recrudescence des organisations criminelles, et nous on pense qu’il ne faut pas laisser ça aller», ajoute M. Fortin, avocat de formation.
Pour ce faire, «mon projet de loi va permettre de faciliter le travail des policiers et des procureurs de la couronne», poursuit-il.
RALLIER LES ÉLUS
Ne comptant que 10 des 338 sièges de la Chambre, la formation bloquiste a bon espoir de rallier les élus d’autres allégeances pour arriver à ses fins.
«Je pense que les députés de tous les partis politiques sont sensibles à cette question-là, insiste M. Fortin. On ne vise pas à faire de la politique partisane avec ça. Il y a un problème de société. Il faudrait regarder les choses en face. Il faut s’y attaquer et j’ai bon espoir que l’ensemble des membres du parlement va se rallier à ce projet de loi là.»
D’ailleurs, c’est loin d’être la première mesure de lutte contre le crime organisé proposée par le Bloc à la Chambre, rappelle-t-il. Le tout premier parlementaire à déposer une loi antigang en 1995 est l’ex-député bloquiste Réal Ménard.
«En fait, c’est l’historique du Bloc. On n’a jamais arrêté d’essayer de combattre ces situations-là», fait valoir M.Fortin.
Plus d’un a déploré que l’actuelle loi antigang manque de dents. C’est notamment le cas du journaliste retraité Michel Auger, rencontré en marge de la sortie du Livre noir des Hells Angels au début du mois de mars. «Avec cette loi, on avait beaucoup d’espoir. On croyait que les Hells qui s’affichaient en public pourraient être arrêtés, mais elle n’a pas eu autant d’impact qu’anticipé», avait alors expliqué l’ancien reporter spécialiste du crime organisé.