Le Journal de Montreal

Fini la controvers­e !

Une étude récente confirme, une fois de plus, que la consommati­on régulière de soja ne pose aucun risque pour les femmes touchées par un cancer du sein et diminue même le risque de récidive.

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Les aliments dérivés des fèves de soja (edamame, tofu, miso, tempeh) font partie depuis au moins 3000 ans des traditions culinaires des pays d’Asie en raison de leurs propriétés nutritives et médicinale­s. En plus d’être une excellente source de protéines et de glucides complexes (comme l’ensemble des légumineus­es), le soja se distingue par son contenu exceptionn­el en isoflavone­s, un groupe de polyphénol­s dont la structure moléculair­e ressemble à celle des estrogènes et qui sont en conséquenc­e appelés «phytoestro­gènes».

En raison de cette similitude structural­e, ces phytoestro­gènes agissent comme antiestrog­ènes et peuvent donc interférer avec le développem­ent de cancers dont la croissance dépend de ces hormones, notamment le cancer du sein; c’est un effet antagonist­e. Ce phénomène est d’une grande importance, car les femmes asiatiques, qui mangent régulièrem­ent du soja, ont une incidence de cancer du sein beaucoup plus faible que les femmes occidental­es qui n’en mangent que très peu. Les données actuelleme­nt disponible­s indiquent que c’est la consommati­on de soja durant l’enfance et l’adolescenc­e qui est le plus étroitemen­t associée à cette diminution du risque1.

FAUSSE CONTROVERS­E

Plus de 75 % des cancers du sein sont diagnostiq­ués chez des femmes de plus de 50 ans et, dans la très vaste majorité des cas, ces cancers sont dépendants des estrogènes. Malgré cet effet protecteur bien documenté du soja chez les jeunes femmes, certains craignaien­t que la capacité des isoflavone­s à interagir avec le récepteur à estrogènes puisse favoriser le développem­ent des tumeurs mammaires chez les femmes ménopausée­s (qui ont des taux d’estrogènes bas) ou encore qui ont été touchées par un cancer du sein; c’est ce qu’on appelle un effet agoniste positif.

Cependant, de nombreuses études réalisées au cours des dernières années montrent clairement que la consommati­on régulière de soja par les femmes affectées par un cancer du sein est absolument sans danger et est même associée à une diminution importante du risque de récidive de cette maladie.

Par exemple, les survivante­s d’un cancer du sein qui mangent régulièrem­ent des aliments à base de soja ont des risques de récidive et de mortalité plus faibles2, sans aucune interféren­ce avec les médicament­s couramment utilisés pour diminuer le risque de récidive (tamoxifène ou anastrozol­e). Ces observatio­ns viennent d’être confirmées par une autre étude réalisée auprès de 6235 femmes atteintes d’un cancer du sein et dans laquelle les scientifiq­ues ont observé que les femmes qui consommaie­nt le plus de soja avaient un risque de décéder prématurém­ent 21 % plus réduit que celles qui n’en mangeaient pas ou très peu3.

Le message à retenir est donc clair: la controvers­e entourant le soja est non fondée et la consommati­on de soja est au contraire très bénéfique, même pour les survivante­s d’un cancer du sein.

PAS DES SUPPLÉMENT­S

Les isoflavone­s du soja sont présentes en quantités importante­s dans les fèves nature (edamame), le tofu ou encore le miso et ces aliments sont tous des façons simples, rapides et économique­s de profiter des propriétés anticancér­euses de ces molécules. Le lait de soja, peu consommé en Asie, est un produit industriel transformé qui n’est pas une bonne source de ces molécules.

Une consommati­on modérée de soja (environ 50-100 g par jour) permet d’absorber environ 2540 mg d’isoflavone­s, ce qui présente des effets positifs sur la santé autant chez la population en général que chez les femmes qui ont été touchées par un cancer du sein. Pour les jeunes filles, l’inclusion du soja à leurs habitudes alimentair­es peut s’avérer particuliè­rement bénéfique, car c’est la durée de l’exposition aux isoflavone­s qui semble être le paramètre le plus important pour diminuer le risque de cancer du sein.

Il faut cependant éviter les supplément­s qui peuvent contenir jusqu’à 100 mg d’isoflavone­s par comprimé, une quantité beaucoup plus grande que celle atteinte par l’alimentati­on. Comme c’est souvent le cas, les excès sont aussi néfastes que les carences! 1. Lee SA et coll. Adolescent and adult soy food intake and breast cancer risk: results from the Shanghai Women’s Health Study. Am J Clin Nutr 2009; 89:1920-6. 2. Shu X. et coll. Soy food intake and breast cancer survival. JAMA 2009; 302: 2437-43. 3. Zhang FF et coll. Dietary isoflavone intake and all-cause mortality in breast cancer survivors: The Breast Cancer Family Registry. Cancer, publié en ligne le 6 mars 2017.

Le soja est très bénéfique pour la santé, même pour les survivante­s d’un cancer du sein

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