Petit village, grosse fraude
Elle aurait volé au moins 100 000 $ aux citoyens de Stornoway, en Estrie
La mairie de Stornoway, en Estrie, dit avoir été fraudée par son ex-directrice générale pour au moins 100 000 $. La municipalité n'arrive plus à payer ses travaux et même du gravier.
La directrice générale d’un village de l’Estrie aurait détroussé ses concitoyens pendant près d’une décennie. La situation a causé un tel fouillis que certains d’entre eux ont bénéficié d’un congé de taxes, le temps que la municipalité reprenne le contrôle de ses finances.
L’histoire survenue à Stornoway, situé à une trentaine de kilomètres de Lac-Mégantic, a de quoi surprendre: il est rarissime qu’une Ville renonce à percevoir des taxes.
L’ex-directrice générale du village de 500 âmes, Sylvie Gauthier, fait l’objet d’accusations criminelles depuis février.
Les allégations n’ont pas encore été testées en cour. Mais selon la directrice générale actuelle, Simone Grenier, voici ce qui se serait passé:
√ Sylvie Gauthier aurait détourné au «minimum» 100000$ des coffres de Stornoway entre 2005 et 2012. Une somme considérable pour un village dont le budget annuel plafonne à 800 000 $.
√ Pour ce faire, elle aurait présenté de fausses factures de fournisseurs au conseil municipal pour ensuite encaisser les paiements.
√ Certains citoyens paient leurs taxes municipales en argent comptant. Elle aurait mis une partie de ces paiements dans ses poches, à l’insu de tous.
BEAUCOUP D’AÎNÉS
C’est la firme comptable Raymond Chabot Grant Thornton, chargée de vérifier les états financiers, qui aurait découvert le pot aux roses en 2012.
Selon Simone Grenier, Sylvie Gauthier «gérait la comptabilité toute seule», et c’est pourquoi le stratagème aurait perduré pendant plusieurs années.
Quant à l’argent des taxes, Mme Gauthier aurait promis à plusieurs reprises à des contribuables de leur envoyer un reçu plus tard, par la poste. Mais le reçu n’arrivait pas.
«La caisse populaire n’est ouverte que deux jours par semaine ici. Et nous avons beaucoup d’aînés qui n’utilisent pas internet pour payer leurs factures», explique Mme Grenier.
Malgré des «heures de travail», la Ville de Stornoway n’a jamais réussi à mettre de l’ordre dans sa comptabilité.
CONGÉ DE TAXES
Ne sachant plus qui avait payé ses taxes ou non dans les dernières années, Stornoway a radié plus de 150000$ de taxes municipales pour l’année 2011 pour repartir sur de nouvelles bases comptables en 2012.
L’actuelle directrice générale admet que la Ville a ainsi fait «cadeau» de taxes à certains citoyens, mais jure qu’il s’agissait là de la meilleure décision.
Jointe au téléphone, Sylvie Gauthier nous a dirigés vers son avocat. Me Michel Dussault a indiqué que sa cliente avait plaidé non coupable et qu’il venait de recevoir la «volumineuse preuve» au dossier.
Mme Gauthier travaille maintenant comme commis-comptable à la Boulangerie St-Méthode. Le président Benoit Faucher a indiqué qu’il ignorait les accusations qui pèsent sur son employée, qu’il a décrite comme quelqu’un qui fait «très bien son travail».