Il n’a pas fait le suivi avec sa patiente atteinte d’un cancer
La dame de 57 ans est décédée de la maladie l’automne dernier
Un urologue de Châteauguay a reconnu ne pas avoir fait le suivi d’un résultat d’examen qui montrait une masse au rein. Diagnostiquée six ans plus tard d’un cancer incurable, la patiente est finalement décédée.
Le Dr Sioufi a plaidé coupable hier à un chef d’infraction du Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec (CMQ).
On lui reproche de ne pas avoir pris connaissance du rapport de la tomodensitométrie qu’il avait prescrite à la patiente, Danielle Wolfe, en 2007.
RAPPORT
Selon la plainte, ce manquement a retardé la prise en charge du cancer rénal.
«Je n’ai jamais vu le rapport. Je me sens très mal, a avoué le Dr Richard Sioufi hier. Évidemment, il y a eu un problème administratif.»
En 2014, Le Journal avait raconté l’histoire de Mme Wolfe, qui avait reçu le terrible diagnostic d’un cancer du rein incurable.
«Avec de la chance, j’ai quelques années à vivre», avait-elle confié.
La résidente de Saint-Rémi est finalement décédée trois ans plus tard, en octobre dernier, à 57 ans. Des métastases avaient envahi son corps, selon ses proches.
Cette histoire tragique remonte à février 2007. La femme avait noté du sang dans son urine et avait passé un examen à l’hôpital de Châteauguay.
Or, on ne l’a jamais rappelée pour un suivi.
«J’AI FAIT CONFIANCE»
«Le fameux dicton: pas de nouvelle, bonne nouvelle, j’y ai cru. J’ai fait confiance», avait-elle confié.
En 2011, elle disait même avoir téléphoné à l’hôpital pour avoir une copie de ses tests. Elle n’a jamais réussi à les obtenir.
En 2013, sa vie a pris un virage dramatique, après que son médecin de famille a annoncé la terrible nouvelle: cancer du rein gauche incurable.
Des métastases aux poumons avaient aussi été observées.
«En 15minutes, ma vie a basculé, a dit Mme Wolfe, qui se sentait trahie. Je ne faisais que pleurer.»
Hier, le Dr Sioufi a indiqué que le système a été amélioré à l’hôpital depuis cette histoire. L’urologue reçoit deux copies des examens (papier et électronique) pour assurer un filet de sécurité.
«Je regrette sincèrement et je reconnais ma responsabilité. J’ai changé ma pratique et je suis complètement dévoué à donner les meilleurs suivis et soins à tous mes patients», a-t-il dit en anglais.
«DÉSASTRE MÉDICAL»
Le syndic du CMQ a qualifié ce cas de «désastre médical» et a demandé une radiation de quatre mois.
«C’est une triste et épouvantable affaire en même temps, a dit Me Jacques Prévost. C’est une fin malheureuse qui aurait pu être évitée si on avait utilisé un peu mieux le système.»
Ce dernier a ajouté que le Dr Sioufi avait déjà été rappelé à l’ordre par le CMQ, pour un manque de suivi dans un autre dossier.
Il n’a toutefois pas d’antécédents disciplinaires. Son avocat a suggéré une radiation de quatre semaines.
Mme Wolfe avait aussi déposé une poursuite civile contre le Dr Sioufi et l’hôpital. Le dossier a été réglé hors cour. Le Conseil de discipline a pris la cause en délibéré.