Prison réclamée pour une ex-gardienne
Elle a secoué un bébé si fort qu’il aurait pu mourir
GRANBY | La Couronne réclame deux ans de prison pour une exgardienne de la Montérégie qui a secoué un bébé d’un an si fort qu’il aurait pu en mourir.
Par chance, le jeune garçon n’aurait pas gardé de séquelles apparentes de l’agression survenue le 2 avril 2012.
Mais les gestes posés par son ancienne gardienne, Véronique Lalonde, méritent tout de même une peine de détention, ont plaidé les avocats hier.
La Couronne suggère deux ans de prison, alors que la défense réclame plutôt 90 jours purgés de façon discontinue.
Tim (nom fictif) avait tout juste un an lorsqu’il a commencé à aller à la nouvelle garderie mise sur pied par Mme Lalonde, à Sainte-Cécile-de-Milton. La femme, alors âgée de 24 ans, était qualifiée pour s’occuper d’une garderie, mais ne l’avait jamais fait seule auparavant.
Tim n’était pas «ce que l’on pourrait appeler un “bébé facile”», lit-on dans la décision du juge Serge Champoux, qui précise que le bambin nécessitait beaucoup d’attention et de surveillance.
TOMBÉ SUR UN JOUET
Une dizaine de jours avant l’agression qui aurait pu lui être fatale, Tim est revenu de la garderie le visage couvert d’ecchymoses. Mme Lalonde a dit à la mère de l’enfant qu’il était tombé sur un jouet.
Le 2 avril 2012, lorsque Véronique Lalonde a essayé de coucher Tim, il serait devenu «raide, puis complètement mou ou amorphe». Il avait de la difficulté à respirer et ses yeux semblaient virés à l’envers. La gardienne l’aurait secoué légèrement pour obtenir une réaction, en vain. Même constat lorsqu’elle lui a épongé le visage avec de l’eau.
Véronique Lalonde a appelé la mère de Tim, qui a contacté le 9-1-1 après avoir constaté l’état de son fils.
Après une brève évaluation à l’hôpital de Granby, il a été transféré à l’hôpital Sainte-Justine, à Montréal, pour y subir des tests pendant plusieurs jours. Les médecins ont diagnostiqué un syndrome du bébé secoué.
SANG AU CERVEAU
Tim a été tellement brassé que du sang s’est retrouvé entre les deux couches protégeant son cerveau. Et cela ne peut pas survenir par accident, soutiennent les spécialistes.
«[...] Le type de violence requise pour entraîner [le syndrome du bébé secoué] est tel que toute personne normale qui y assisterait se rendrait compte qu’elle est exagérée, tenterait d’y mettre fin ou interviendrait», a noté le juge Champoux lorsqu’il a reconnu Véronique Lalonde coupable de voies de fait graves, en décembre dernier.
À l’issue du procès, au palais de justice de Granby, le magistrat a écarté l’hypothèse que les parents pourraient avoir causé ces blessures à leur enfant.
Véronique Lalonde nie toujours avoir blessé Tim, et a porté le verdict en appel.
Elle a fermé sa garderie depuis.