Le Journal de Montreal

Une rumeur qui tombe à point

Si Bombardier Transport et la Division Transport du géant allemand Siemens fusionnent, comme le laisse entendre la rumeur boursière rapportée par l’agence Bloomberg, il est évident que Bombardier devrait financière­ment en bénéficier. Et qu’en conséquenc­e,

- MicheL Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

D’ailleurs, c’est ce qui explique probableme­nt pourquoi le titre a «miraculeus­ement» bondi à partir de vendredi dernier, et ce, malgré le scandale soulevé au Québec par la forte augmentati­on de la rémunérati­on de la haute direction de Bombardier.

L’action de Bombardier (BBD.B) a grimpé de 17,3 % lors des trois dernières séances boursières, passant de 2,02 $ (clôture de jeudi dernier) à 2,37 $ hier. Comme le volume des transactio­ns était de deux à trois fois plus élevé que lors des précédente­s séances, cela donne de la «crédibilit­é» à la rumeur de fusion entre les divisions Transport de Bombardier et Siemens.

Parenthèse. En Bourse, il y a toujours des investisse­urs qui ont un sens du «timing» vraiment étonnant et voilà pourquoi ils achètent (ou vendent) avant de connaître la nouvelle.

Cela étant dit, entre avoir des pourparler­s avec une entreprise et conclure une entente de fusion ou d’acquisitio­n, il y a loin de la coupe aux lèvres.

LA CAISSE

En prenant connaissan­ce de la rumeur de fusion entre les divisions Transport de Bombardier et Siemens, on s’est demandé si la Caisse de dépôt et placement du Québec allait faire une belle passe d’argent avec son investisse­ment de 1,5 milliard $ US (2 milliards $ canadiens) dans Bombardier Transport.

Comme on sait, cet investisse­ment lui procure 30 % du holding de Bombardier Transport.

Lors de cet investisse­ment de la Caisse, le 19 novembre 2015, les bonzes de la Caisse et de Bombardier évaluaient Bombardier Transport à 5 milliards $ US (6,5 milliards $ canadiens). Ce qui n’était absolument pas un prix d’aubaine puisqu’à l’époque, la capitalisa­tion boursière de l’ensemble de Bombardier (aéronautiq­ue, transport, etc.) plafonnait à 3 milliards $ canadiens. Heureuseme­nt, l’action de Bombardier a repris du poil de la bête depuis. Et avec la hausse actuelle du prix de l’action, Bombardier a maintenant une capitalisa­tion boursière de 5,3 milliards $.

SOUS-ÉVALUATION

Comme vous pouvez le constater, Bombardier, avec toutes ses divisions, se fait présenteme­nt accorder par le «marché» une valeur boursière inférieure à l’évaluation en 2015 de… sa Division Transport!

Cette apparente incohérenc­e du marché laisse présager une sousévalua­tion de l’action de Bombardier.

Selon les informatio­ns disponible­s, il y a tout lieu de croire qu’une fusion entre les divisions Transport de Bombardier et Siemens serait bénéfique pour les deux parties.

L’hypothétiq­ue coentrepri­se «Bombardier-Siemens» présentera­it un chiffre d’affaires de l’ordre de 16 milliards $ US, avec un bénéfice d’exploitati­on dépassant le milliard de dollars.

Les administra­teurs de Bombardier sont vraiment chanceux. Rien de mieux qu’une rumeur de fusion pour détourner l’attention de la scandaleus­e augmentati­on de la rémunérati­on de leurs dirigeants.

Le titre a «miraculeus­ement» bondi à partir de vendredi dernier

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