Une consolidation « inévitable », selon un expert en management
C’était écrit dans le ciel que Bombardier chercherait tôt ou tard à trouver un partenaire stratégique ou financier pour assurer l’essor de sa Division Transport, assure le professeur de management Louis Hébert, expert des questions de fusion-acquisition à HEC Montréal. Les rumeurs d’acquisition de la division ferroviaire de Bombardier vous étonnent-elles ? «Pas vraiment, parce que depuis des années une consolidation de l’industrie ferroviaire mondiale est en cours. Alors qu’autrefois chaque pays avait son producteur national, le marché s’est regroupé d’abord en Europe, puis à l’échelle internationale. Bombardier a pendant longtemps dominé l’industrie, en procédant elle aussi à des acquisitions, mais ça a beaucoup changé avec la montée des Chinois.» Quels sont les impacts de l’arrivée de ces nouveaux joueurs chinois ? «L’élément déclencheur a été la construction d’un réseau de trains à grande vitesse en Chine. Pour participer à la construction, les entreprises étrangères ont dû accepter de transférer leurs technologies à des alliés chinois. Aujourd’hui, le résultat est une énorme pression chez les autres joueurs afin de se consolider, pour continuer la croissance et maintenir un rapport de force.» C’est ce qui semble être en train de se produire ici ? «Oui, parce qu’on sait que Bombardier cherchait à maximiser la valeur de ses activités ferroviaires. Elle cherche des partenaires depuis l’arrivée d’Alain Bellemare [PDG depuis 2015]. Ils ont considéré vendre en tout ou en partie la division. Ils sont aussi allés chercher des capitaux à la Caisse de dépôt et placement. Siemens, un concurrent, pourrait s’avérer tout un partenaire stratégique.» Et qu’est-ce que représente le ferroviaire pour Bombardier? «Bombardier Transport est une activité très “liquide” pour le groupe, en ce sens qu’elle génère beaucoup de flux de trésorerie. Cela dit, son taux de rentabilité n’est pas excessivement élevé, contrairement à l’aéronautique, où la rentabilité est importante. Il est clair pour moi que la direction de l’entreprise voit son avenir dans l’aéronautique, ce qui explique aussi pourquoi on veut ainsi aller chercher du capital.»