Les Hells Angels s’en balancent
La légalisation du pot ne risque pas de faire mal aux motards qui font leurs millions de dollars avec la cocaïne
Les Hells Angels se balancent de la légalisation du pot, eux qui font maintenant leurs millions de dollars en vendant des drogues beaucoup plus payantes.
l∫ Depuis deux décennies, c’est la cocaïne qui est devenue la vache à lait des Hells du Québec, ont fait valoir des informateurs bien branchés au Journal.
Avec des profits nets de 50000$ dans leurs poches chaque jour, les motards font 20fois plus d’argent avec la poudre blanche qu’avec les produits du cannabis, avait démontré l’opération Printemps 2001, l’enquête policière ayant chiffré avec le plus de précision l’ampleur de la vente de «coke» des motards.
Si le gouvernement Trudeau croit «écarter les trafiquants de drogue et le crime organisé du marché du cannabis», comme l’a dit le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale jeudi, Ottawa ne mettra pas les Hells en faillite.
«Ils s’en sacrent pas mal», selon des sources du milieu policier qui ont pris le pouls des motards sur cet enjeu.
NERF DE LA GUERRE
Le marché noir du joint a bien changé depuis que les Hells ont livré une guerre meurtrière aux Rock Machine au Québec.
À ce moment, le Service canadien de renseignements criminels (SCRC) prédisait dans son rapport annuel de 1997 que les Hells Angels étaient «en voie d’atteindre le monopole de la culture hydroponique de la marijuana» au pays.
Mais à l’époque, c’est le monopole de la vente de cocaïne qui était dans la mire de leur ex-chef Maurice «Mom» Boucher.
En 2000, sur une période d’à peine 39jours, ils ont écoulé 452kilos de poudre blanche dans la région de Montréal – 11,5 kg par jour – pour des profits nets de 4530 $ sur chaque kilo.
Rien ne laisse présager que les motards feraient moins d’argent aujourd’hui, alors qu’ils n’ont plus de concurrence et que la mafia italienne est déstabilisée.
PÈGRE ASIATIQUE
En 2015, le SCRC rapportait que sur les 657groupes associés au crime organisé au Canada, «on suspecte la moitié d’entre eux d’être impliqués dans le trafic illégal de marijuana».
Dans la plupart des régions du Québec, les plantations de pot sont surtout l’affaire de producteurs indépendants.
À Montréal, le SPVM constatait qu’en 2011, quatre plants de pot sur cinq saisis par ses policiers provenaient d’une plantation exploitée non pas par les Hells, mais plutôt par la pègre asiatique.
Même le FBI américain, dans un rapport en 2011, considérait les mariculteurs d’origine chinoise et vietnamienne comme les premiers producteurs de pot hydroponique au Canada, dont 20 % de la production est exportée aux États-Unis.
Ce serait donc le groupe qui aurait le plus à perdre avec la légalisation de la marijuana dès l’été 2018.
RÉSEAU D’EXPORTATION
Si les Hells continuaient de tirer profit du cannabis illégal, ce serait surtout avec l’exportation du «Québec Gold» aux États-Unis, croient les policiers.
Le Lavallois Jimmy Cournoyer, surnommé «le roi du pot», n’avait pas importé par lui-même pour un milliard $ de cannabis «made in Canada» dans la région de New York, entre 1998 et 2012.
Condamné à 27 ans de pénitencier, il a bénéficié des contacts des Hells et du réseau que les motards ont bâti sur la réserve mohawk d’Akwesasne, en échange de redevances, selon l’enquête de la Drug Enforcement Administration.