Un avocat des motards fustige le gouvernement
«C’est un mauvais signal à envoyer aux jeunes et ça peut mener à l’utilisation de drogues plus dures.»
Le criminaliste montréalais Gary Martin, qui a défendu des Hells Angels, des Rock Machine et plusieurs personnes reliées au crime organisé en 37 ans de carrière, n’a pas hésité à condamner le projet de loi du gouvernement Trudeau lorsqu’interrogé par Le Journal.
«Ce n’est pas une bonne idée du tout à mon avis, a-t-il avancé. Je peux comprendre les raisons invoquées pour ce faire. Mais pour moi, on banalise cette drogue sous prétexte d’en enlever le contrôle au crime organisé.»
Me Martin a donné l’exemple d’un de ses clients présentement accusé de possession d’héroïne, en plus d’avoir participé à un vol à main armée d’une plantation de cannabis.
«Il m’a dit que sa première expérience avec la drogue, ç’a été de fumer du pot avec son père. Et là, il se fait arrêter avec de l’héroïne. Comme on dit en anglais: Dope makes you stupid [la drogue vous rend stupide]...»
L’avocat d’expérience constate lui aussi que le pot n’est plus l’apanage des motards.
«Les Hells ont déjà été plus présents, mais aujourd’hui, il y a pas mal de monde là-dedans», a-t-il dit.
PILULES PLUS RENTABLES
De fait, après la cocaïne, ce sont les drogues de synthèse qui ont supplanté la marijuana dans la pharmacie vendue par les Hells Angels.
C’est non sans hésitation que les motards s’étaient lancés dans le marché de l’ecstasy et de la méthamphétamine vers la fin des années 90.
«Guy Rodrigue [alors président du chapitre de Sherbrooke] disait que ça tuerait le marché de la “coke”», a confié à la Sûreté du Québec l’ancien Hells devenu délateur, Sylvain Boulanger.
Cette drogue chimique et bon marché est vite devenue très populaire, surtout chez les jeunes. Vendu au prix de 5 $, un comprimé ne coûte que cinq sous à produire dans des laboratoires clandestins, assurant aux motards une rentabilité bien plus élevée qu’avec la production de pot.