Le frère d’un gendarme mort lance un vibrant cri du coeur
Le policier de la GRC a perdu la vie lors d’une collision avec un tracteur
Le frère du gendarme décédé dans un accident à Saint-Bernardde-Lacolle veut partir en croisade afin de changer la loi pour rendre les véhicules agricoles beaucoup plus visibles sur les routes.
l∫ «Les tracteurs doivent être voyants, il faut qu’ils soient comme des sapins de Noël quand ils circulent sur la voie publique», s’exclame Richard Jr Dubuc, un peu plus d’un mois après le décès tragique de son frère.
Le 6 mars dernier, le policier de la Gendarmerie royale du Canada, Richer Dubuc, était à son quart de travail, à Saint-Bernard-de-Lacolle. À 6 h 19, il était au volant de son véhicule, sur une route sombre, afin d’aller aider des migrants qui traversaient la frontière lorsqu’il a percuté un tracteur.
«Ça a duré une fraction de seconde», déplore Richard Jr Dubuc.
« ABERRATION »
Une des incongruités que note le frère du policier est que le tracteur était équipé d’un gyrophare, mais qu’à cause de la taille du véhicule, il ne pouvait pas être utilisé sous peine d’avoir une contravention.
«C’est une aberration de risquer un ticket si tu utilises un moyen de te faire voir la nuit», dit-il.
Le triangle réfléchissant du tracteur était usé, mais il semblait quand même conforme à la loi.
«Le tracteur datait de 1989, peut-être que le triangle n’était plus trop trop réfléchissant», déplore M. Dubuc.
Et en plus, lors de l’accident, le tracteur avait une lumière non fonctionnelle, mais il pouvait quand même circuler sur la route.
«On ne peut pas en vouloir au conducteur, car même s’il avait le strict minimum, il avait le droit de circuler, dit M. Dubuc. C’est aberrant de voir comment la loi est faite.»
DÉCÈS ÉVITABLES
Il soutient que le resserrement des règles ne coûterait pas un bras et permettrait de sauver des vies.
De 2003 à 2012, 59 décès liés au milieu agricole sont attribués aux collisions sur les routes du pays, selon un rapport de Surveillance des blessures agricoles au Canada. Lors d’une rencontre avec des policiers, M. Dubuc s’est aussi fait dire que depuis 2004, il y a eu 75 accidents avec morts ou blessés graves, impliquant des tracteurs de ferme sur les routes du Québec.
«Ce sont des morts qui pourraient être facilement évitées», croit M. Dubuc.
M. Dubuc a depuis écrit au ministre des Transports Laurent Lessard et au député de sa circonscription, mais ses messages sont pour le moment restés sans réponse.
«Ça me déçoit, mais je veux qu’ils sachent que je suis ouvert à la discussion», dit-il.
AUCUNE RANCOEUR
M. Dubuc ajoute par ailleurs qu’il n’a aucune rancoeur contre le chauffeur du tracteur.
«C’est certain qu’il ne voulait pas faire de mal, dit-il. Il est arrivé un accident malheureux, mais évitable. Il doit se sentir assez mal et s’il veut nous parler, si ça l’aiderait, c’est OK.»
Le frère du gendarme a d’ailleurs affirmé que toute sa famille avait eu un soutien inconditionnel de la GRC, qui a fait «tout en son pouvoir» pour l’aider à faire le deuil du policier de 42 ans et père de quatre enfants.